Pour une société plus inclusive. Quinze ans après l’adoption d’une loi majeure sur le sujet votée sous la présidence de Jacques Chirac, Emmanuel Macron a annoncé, lors de la Conférence nationale du handicap (CNH) à l'Elysée, une série de mesures. De la scolarisation à l’accès aux droits, en passant par l’emploi, l’objectif est de faciliter l’inclusion des douze millions de personnes touchées par un handicap physique et/ou mental.
Des solutions de scolarisation mises en place pour les enfants
Le chef de l’Etat a fixé comme objectif qu’aucun enfant handicapé ne devra se retrouver sans solution de scolarisation au mois de septembre prochain. Si le nombre d'enfants en attente d'un accompagnant pour les aider dans leur scolarité a été «divisé par près de deux entre 2018 et 2019», passant de 15.000 à 8.000, l’objectif est «de tomber à zéro», a-t-il déclaré face à 500 acteurs du secteur. Pour faire face au manque d’effectifs, 11 500 postes d'accompagnants supplémentaires devraient être créés d'ici à 2022, qui viendront ainsi s’ajouter aux 66 000 déjà existants, mais qui, pour la plupart d'entre eux, sont à «temps partiel», a-t-il regretté.
Des démarches administratives simplifiées
Jugées trop complexes et contraignantes, les démarches administratives en ligne – ce qui suppose notamment des portails web compatibles avec les logiciels de synthèse vocale, pour les aveugles et malvoyants – devraient être simplifiées, afin que chacun puisse profiter de ses droits sans que cela ne devienne «un parcours du combattant», a estimé le président. Le temps d'examen des dossiers, trop long actuellement, sera quant à lui réduit. A partir du 1er janvier 2021 toute demande d’allocation aux adultes handicapés (AAH) devrait être traitée dans un délai maximum de trois mois. Enfin, pour permettre aux familles d'être mieux accompagnées dans leur recherche et simplifier la prise en charge pour leur proche en situation de handicap, un numéro d'appel national unique – le 360 – va également être mis en place d’ici à l’an prochain.
Des places supplémentaires dans les structures spécialisées
Faute de places suffisantes dans l’Hexagone, 6 500 adultes et 1 500 enfants handicapés sont actuellement hébergés dans des établissements spécialisés en Belgique et quelque 500 adultes s’y installent chaque année pour cette même raison. Afin de limiter le nombre de départs vers l’étranger, un millier de nouvelles places devraient être créées entre 2021 et 2022, venant s’ajouter aux 2 500 déjà prévues sur ces deux ans. Emmanuel Macron s’est également engagé à créer 2 500 places dans des structures intermédiaires proposant un accompagnement progressif vers l’autonomie. Au total, 6 000 places sont ainsi programmées d’ici à la fin du quinquennat.
L’apprentissage développé pour éviter le chômage
Alors que le taux de chômage des personnes handicapées reste deux fois supérieur à la moyenne nationale, le gouvernement a mis l'accent sur le développement de l'apprentissage, afin de favoriser une potentielle embauche en CDI par la suite. Car si la loi oblige toute entreprise d'au moins vingt salariés à employer 6 % de personnes en situation d’handicap, en 2018, les entreprises privées ne comptaient qu’à peine 3,4 % de personnes handicapées dans leur effectif.
Une aide financière dédiée à la vie de famille
Après le droit de voter, de se marier et de divorcer sans autorisation du juge des tutelles, le droit de toute personne handicapée à être parent sera assuré dès janvier 2021. En effet, des aides techniques (matériels adaptés) et humaines nécessaires aux parents en situation de handicap d'enfants âgés de 0 à 7 ans, seront intégrées à la prestation de compensation du handicap (PCH). Concernant le débat sensible des accompagnants sexuels, si la secrétaire d'Etat Sophie Cluzel s'est déjà dit «favorable» à ce service sur le modèle existant dans plusieurs pays européens (Belgique, Pays-Bas...), de son côté, Emmanuel Macron a plaidé pour que le droit à la vie sexuelle des handicapés ne soit plus un «tabou dans la société».