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Discrimination à l’embauche : qu’est-ce que le «name and shame» ?

Emmanuel Macron, partisan du name and shame, en compagnie de Marlène Schiappa qui a annoncé sa volonté d'utiliser cette pratique. [NICOLAS TUCAT / AFP]

C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Afin de lutter contre les discriminations à l'embauche, le gouvernement va dévoiler un plan ce jeudi et pourrait publier le nom des entreprises coupables.

Le 20 janvier dernier, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, annonçait la présentation d’une «stratégie gouvernementale» et la dénonciation d'entreprises fautives. Il s'agit d'une pratique anglo-saxonne baptisée le «name and shame», ce qui signifie «nommer et faire honte» ou «nommer et couvrir de honte».

Outre-Manche, c’est une pratique courante. L'objectif étant de livrer à l’opinion publique les sociétés ou les personnes coupables. En 2009, la presse britannique avait ainsi publié les noms des députés qui exagéraient leurs notes de frais. Résultat, tous ce sont engagés à rembourser, d’autres ont même démissionné.

Une pratique déjà utilisée sous l'ère Macron

Quant à Marlène Schiappa, elle a déjà eu recours à cette pratique. Elle n'avait pas hésité à afficher sur les portes de son secrétariat le nom de deux groupes qui avaient refusé de prendre part à une réunion sur l’égalité homme/femme.

Autre exemple, cette fois dans le domaine de l'écologie, en avril dernier. La secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, avait révélé le nom de quatre entreprises qui triaient mal leurs déchets.

La pratique avait également été brandie comme une menace par le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, qui avait promis de publier les noms des grandes enseignes qui ne respecteraient pas la loi sur les prix. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, en avait fait de même avec les entreprises qui embaucheraient des travailleurs illégaux.

L'utilisation, ce jeudi 6 février, du «name and shame» par Marlène Schiappa a toutefois été nuancée par son entourage, qui a précisé que la ministre n’avait pas mentionné de date.

Répondre à l'alarmante enquête sur la discrimination à l'embauche

Cette présentation d'un plan pour lutter contre les discriminations à l'embauche devrait répondre aux résultats de l'étude publiée début janvier et réalisée auprès de grandes entreprises française. Celle-ci avait mis en évidence «une discrimination significative et robuste selon le critère de l'origine à l'encontre du candidat présumé maghrébin».

Cette enquête faisait suite à une campagne de tests anonymes menée entre octobre 2018 et janvier 2019 auprès de 103 grandes entreprises parmi les 250 plus fortes capitalisations de la bourse de Paris. Elle avait été réalisée à la demande du gouvernement par une équipe de chercheurs de l'université Paris-Est-Créteil, qui avaient fait plus de 8.500 tests en combinant des candidatures et des demandes d'information, à la fois en réponse à des offres d'emploi ou de façon spontanée.

Toutefois, huit mois après avoir eu les résultats de cette enquête, ceux-ci avaient été publiés par… les chercheurs et non le gouvernement. «Nous devons poursuivre les testings et les publier», avait pourtant martelé Marlène Schiappa.

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