Alors que son utilisation a explosé pendant la grève contre la réforme des retraites, le vélo est au coeur du débat des municipales à Paris. Plusieurs candidats ont fait part de leur volonté d'agir en faveur de cette mobilité douce et respectueuse de l'environnement, et ont avancé leurs premières propositions ce mercredi, à l'occasion du «Grand oral du vélo».
A l'appel de deux collectifs de cyclistes – les associations Paris En Selle (PES) et Mieux se déplacer à bicyclette (MDB)– «les six principaux candidats» se sont ainsi succédé sur scène ont ainsi présenté leurs propositions en faveur de la pratique du vélo.
Tous, sauf Rachida Dati (LR), se sont en tout cas engagés à réaliser le «Vélopolitain», cet ambitieux réseau cyclable réalisé en surface, à l'échelle métropolitaine, censé venir – selon Charles Maguin, le président de PES –«compléter les transports en commun saturé».
Ils ont également montrés leur intérêt à l'instauration de «quartiers apaisés» où le trafic automobile serait interdit et des rues réservées aux vélos, ou encore le développement massif d'offres de stationnement vélo. Voici leurs propositions détaillées, candidat par candidat.
ANNE HIDALGO (Paris en commun)
Si elle est réélue, la maire socialiste de la capitale promet de rendre cyclable l'intégralité des rues de Paris d'ici à 2024, et prévoit d'investir 350 millions d'euros (dont 250 millions d'euros pour le «Vélopolitain»).
Elle veut également «récupérer de la place sur les voitures» et transformer 60.000 places de stationnement (sur 140.000 au total) pour élargir les chaussées, «faire des pistes cyclables bidirectionnelles», et créer 100.000 places de stationnement vélo.
Parmi ses autres projets : mieux séparer pistes cyclables et voies de bus, identifier les voies vélos «avec des couleurs différentes», développer l'apprentissage scolaire du vélo, et un «code de la rue soumis à la concertation des Parisiens» et développer – en parallèle du Vélib' – d'autres systèmes de location de vélos spécifiques (vélo cargo, vélo pour personnes handicapées, etc).
RACHIDA DATI (ENgagés pour changer paris)
La candidate LR, qui était représentée au «Grand oral du vélo» par sa directrice de campagne Nelly Garnier, veut lancer sur les six premiers mois de son mandat «une grande concertation» avec des experts, avant de soumettre son plan mobilité aux Parisiens.
«Notre rôle est d'être gestionnaire de l'espace public», pour «aller vers une mobilité plus propre, mais pas forcément contre la voiture». La priorité «c'est la fluidité et l'ordre», a expliqué celle qui est également la tête de liste dans le 11e.
Une police municipale armée devra lutter contre la délinquance du quotidien (comme les vols de vélo), et «réguler l'espace public», et notamment la pratique des trottinettes. Quant à la question du Vélib', elle répond qu'il «faudra regarder si l'offre est encore attendue».
BENJAMIN GRIVEAUX (paris ensemble)
Le candidat LREM veut «moins de voitures» pour lutter contre la pollution, et souhaite réaliser le «Vélopolitain» en commençant par les voies cyclables qui pourront désengorger les lignes de métro saturées, comme la ligne 13.
Il propose aussi d'améliorer la sécurité aux intersections (peindre les pistes cyclables...), «séparer les flux» entre bus et vélo, interdire les bus de tourisme dans Paris, instaurer une prime pour «la transition aux deux-roues thermiques», créer 100.000 places de stationnement vélo, développer une «police de la circulation» municipales et «graver gratuitement» les vélos, «faire passer le permis vélo aux petits Parisiens».
DAVID BELLIARD (L'écologie pour paris)
Le candidat EELV veut faire de Paris «une ville axée sur les piétons et les vélos», et «réduire la circulation des voitures et deux-roues motorisés».
Parmi ses priorités, «sécuriser les espaces cyclables existants», mais aussi «faire des pistes cyclables plus larges dans toutes les rues», «la transformation de la moitié des places de stationnement voiture en pistes cyclables», des cours d'apprentissage du vélo à l'école primaire, «une brigade de sécurité et de tranquillité publique».
Quant au Vélib', David Belliard souhaite «poser la question de la remunicipalisation», comme il l'avait indiqué au moment de la grève.
CEDRIC VILLANI (le nouveau paris)
Le candidat – dissident LREM – défend quant à lui «des pistes cyclables qui vont jusqu'à la petite et la grande couronne» ainsi que la transformation de la petite ceinture en rocade cyclable.
Par ailleurs, il promet un investissement de 400 millions d'euros dans le vélo (dont 250 pour le Vélopolitain), la transformation de 60.000 places de parking voitures pour le vélo, et un concours de design pour les «vélobox», des abris à vélo sécurisés.
Côté Vélib', Cédric Villani prône «la gratuité des deux premières heures» et «une mise à niveau de la qualité du service».
DANIELLE SIMONNET (décidons Paris !)
La candidate revendique «une hiérarchie : d'abord on doit défendre les piétons, les cyclistes, les transports en commun, les taxis, et ensuite seulement la voiture». Danielle Simonnet souhaite «créer un vrai service municipal du vélo», développer la pratique du vélo «dans les écoles, les centres de loisir, les colonies de vacances».
Elle propose également d'offrir un vélo à tous les jeunes de 16 ans, ce qui coûtera «4 millions d'euros». Pour le Vélib', elle entend vouloir sa «gratuité» ainsi que sa «municipalisation», assumant pour cela de devoir «faire des emprunts».