Alors que son utilisation a explosé pendant la grève contre la réforme des retraites, le vélo est au coeur du débat des municipales à Paris. Plusieurs candidats ont fait part de leur volonté d'agir en faveur de cette mobilité douce et respectueuse de l'environnement, et vont devoir avancer leurs propositions ce mercredi, à l'occasion du «Grand oral du vélo».
Les candidats sont en effet attendus au tournant par les usagers et, plus particulièrement encore, par les collectifs d'usagers – à l'instar de Paris En Selle (PES) et Mieux se déplacer à bicyclette (MDB) – qui ont prévu «d'auditionner les six candidats principaux» ce mercredi 29 janvier, dans le cadre de leur «Grand oral du vélo». Pendant quinze minutes chacun, David Belliard, Nelly Garnier (directrice de campagne de Rachida Dati), Benjamin Griveaux, Anne Hidalgo, Danielle Simonnet et Cédric Villani «se succéderont sur scène pour présenter leur vision et leurs propositions pour le Paris cyclable de 2026», a ainsi communiqué PES.
Une réunion cruciale selon Charles Maguin, le président de l'association Paris En Selle, qui souligne que «les Parisiens espèrent réellement du changement» dans ce domaine et qui se dit lui-même «curieux» de voir si les candidats ont compris et mesuré ce qu'était l'enjeu 'vélo' à Paris. Il souhaite notamment connaître leurs intentions au sujet du «grand projet de Vélopolitain», cet ambitieux réseau cyclable réalisé en surface, à l'échelle métropolitaine, censé venir «compléter les transports en commun saturé». «Je suis curieux [...] de voir s'ils s'emparent de ce grand projet, et comment les candidats pourront l'améliorer et le rendre crédible», a-t-il expliqué.
Peu de vraies propositions pour la bicyclette
Car, pour l'instant, ces derniers ne sont pas nombreux à s'être engagés à ce sujet : seule Anne Hidalgo défend le bilan de son Plan Vélo, pendant que le candidat EELV, David Belliard, fait valoir que la politique menée à Paris en faveur du vélo était avant tout celle du groupe écologiste. De l'autre côté, Rachida Dati, candidate LR, déplore depuis des jours la politique «anti-voiture» de la maire sortante, et n'a pas spécialement l'intention de faire plus de pistes cyclables. Quant à Benjamin Griveaux et Cédric Villani, si les deux candidats semblent s'intéresser à la question, aucun des deux n'a avancé de vraies propositions.
Pourtant, la prise de position à ce sujet est devenue indispensable dans la campagne, tant la pratique du vélo a explosé ces derniers mois à Paris en raison de la grève dans les transports (jusqu'à 2,5 fois plus de passages de vélos devant les 55 bornes de comptage rien que le mois dernier), avec des usagers toujours plus exigeants. Les candidats à la mairie de Paris ne peuvent d'ailleurs pas ignorer le manque – encore criant – d'infrastructures dédiées aux vélos, qu'ils soient mécaniques ou électriques, que les dernières semaines ont contribué à mettre en lumière.
Devançant d'un jour le «Grand oral», Anne Hidalgo doit présenter, ce mardi 28 janvier, ses nouvelles ambitions pour le Plan Vélo. Cette initiative pour faire de Paris la «capitale mondiale du vélo» a déjà été baptisée «Ça redémarre» par l'équipe de campagne de la maire sortante. Des promesses qui intéresseront de nombreux cyclistes impatients de voir avancer la question. Anne Hidalgo a notamment prévu d'interdire le centre de Paris aux voitures ou encore de transformer 50 % des places aujourd'hui réservées aux parkings automobiles de surface, soit l'équivalent de 60 hectares, en pistes cyclables ainsi qu'en espaces végétalisés.
Or, la candidate à sa réélection va devoir frapper fort pour dépasser les ambitions du premier Plan Vélo : 150 millions d'euros d'investissements avaient été budgétés entre 2015 et 2020 pour doubler la longueur des voies cyclables dans la capitale. Et les cyclistes parisiens et franciliens n'oublient pas que seuls 56 % des aménagements prévus ont été réalisés, selon l'Observatoire dédié.