Un récit glaçant. Au deuxième jour de son procès devant la cour d'assises de Savoie, un étudiant de 24 ans est froidement revenu sur l'assassinat en 2015 d'un homme sans domicile fixe.
Les mains placées à côté du micro, Adrien Bottollier n'a pas tremblé une fois devant la cour et les jurés.
Le 21 mai 2015 à l'aube, un agent municipal avait découvert un homme mort dans un parc de Chambéry, le haut du corps lardé de 28 coups de couteau, sous un tee-shirt et un pull intacts, et le pantalon baissé jusqu'aux chevilles.
Le lien avec Adrien Bottollier n'a été fait que plusieurs mois plus tard, alors qu'il était mis en cause dans une autre attaque au couteau dans la nuit du 25 au 26 décembre 2015, à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie). «Mes pulsions montaient depuis plusieurs jours et je n'arrivais pas à les contrôler», a décrit avec détachement l'accusé.
Quelques minutes avant le crime, il a conversé sur Facebook avec une amie installée au Canada, à qui il a écrit : «J'ai enfin trouvé le crime parfait». Plusieurs jours plus tôt déjà, Adrien Bottollier avait évoqué avec elle la possibilité de rester «dans les mémoires» comme «un psychologue tueur en série», a raconté le président Yves Le Bideau.
La nuit du crime, alors que sa petite amie était endormie, il s'est saisi d'un couteau de table qu'il a glissé dans la poche de son manteau.
il s'est mis à «rire comme un fou».
«Je n'ai pas pu me retrouver seul pour me scarifier, alors je suis sorti errer dans Chambéry, avec l'espoir que mes pulsions meurtrières s'arrêtent là», relate le jeune homme, qui avait pris l'habitude de se taillader afin de «garder le contrôle» de son corps atteint par la polyarthrite, un rhumatisme inflammatoire.
En sortant, il croise alors la route d'un quinquagénaire, très alcoolisé et perdu. Ils discutent quelques minutes et tandis qu'Adrien Bottollier lui roule une cigarette, l'homme confie qu'il n'a ni femme ni enfant. Pour l'accusé, c'est «la dernière barrière qui a sauté». Adrien Bottollier porte un premier coup de couteau à l'oeil de sa victime.
«J'espérais qu'en touchant le cerveau, ce serait terminé en un instant». Mais suivent 27 autres coups, dont il n'a, assure-t-il, aucun souvenir. Un «blanc» de plusieurs minutes dont doute un psychiatre qui l'a expertisé.
Ce fan déclaré du Joker, l'adversaire fou à lier de Batman, se revoit en revanche «être en train de rire comme un fou» en rentrant chez lui, les mains encore ensanglantées. En dépit des apparences et du pantalon baissé, il affirme qu'il n'y a eu «aucune composante sexuelle dans ce crime», se rappelant simplement avoir eu une relation sexuelle avec sa petite amie à son retour.
«Je suis un tueur, c'est fou, non ?»
«Je me suis coupé de toutes mes émotions, pour que personne ne se rende compte de rien. Alors que j'avais l'impression d'avoir sur moi un panneau clignotant sur lequel était écrit ‘assassin‘». A son amie du Canada, il envoie les jours suivants le lien internet d'un article parlant de son crime : «C'est moi ça (...) Je suis un tueur, c'est fou, non ?»
A son meilleur ami, il raconte «comme s'il revivait la scène» ce même crime. Entendu à la barre, ce dernier confie son malaise face à ce récit : «C'est compliqué de croire quelque chose comme ça». Mais «j'avais tellement de doutes que j'avais peur la nuit où je suis resté dormir chez lui». Initialement attendu vendredi, le verdict devrait finalement être prononcé ce jeudi 30 janvier.