Gallimard a annoncé mardi l'arrêt de la commercialisation du journal de l'écrivain Gabriel Matzneff, qui fait l'objet d'une enquête pour viols sur mineur et est mis en cause dans le livre d'une éditrice racontant sa relation sous emprise avec lui, quand elle avait 14 ans.
«La souffrance exprimée par Madame Vanessa Springora dans 'Le Consentement', fait entendre une parole dont la force justifie cette mesure exceptionnelle», affirme dans un communiqué la maison d'édition qui publiait le journal de Gabriel Matzneff depuis 1990.
Les exemplaires encore présents en librairie du journal de Gabriel Matzneff, dont le dernier volume «L'Amante de l'Arsenal» sorti en novembre, vont ainsi être rappelés.
C'est la première fois que Gallimard prend une telle mesure, a indiqué à l'AFP la maison d'édition.
La décision a été prise alors que l'écrivain de 83 ans est visé depuis vendredi par une enquête pour «viol sur mineur» de moins de 15 ans, ouverte 24 heures après la sortie du livre accusateur de Vanessa Springora, directrice des Editions Julliard.
Dans «Le consentement» (Grasset), cette femme de 47 ans raconte comment elle a été séduite par Gabriel Matzneff alors qu'elle n'avait même pas 14 ans (et lui presque 50 ans), ainsi que les blessures laissées par cette histoire, sous emprise, sur son existence.
«A quatorze ans, on n'est pas censée être attendue par un homme de 50 ans à la sortie de son collège, on n'est pas supposé vivre à l'hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l'heure du goûter», raconte-t-elle dans cet ouvrage qui s'est installé dans le top 5 des ventes physiques et numériques en littérature sur Amazon France.
Le goût de l'écrivain pour les "moins de 16 ans" et pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie, qu'il a raconté dans de nombreux ouvrages, a pendant longtemps été toléré dans le monde littéraire. Il a été distingué en 2013 par le prix Renaudot essai.
Mais le témoignage de Vanessa Springora semble changer la donne. Avant même sa sortie le 2 janvier, «Le Consentement» a fait parler de lui dans un contexte de dénonciation des violences sexuelles marquées notamment par les récentes accusations de l'actrice Adèle Haenel à l'encontre du cinéaste Christophe Ruggia.