Urbanisme, transports, législation... La capitale a largement évolué durant la décennie 2010, aussi bien dans sa forme que dans ses pratiques.
La rénovation du Forum des Halles (2011)
Dans l'Histoire récente, le «ventre de Paris» avait déjà connu de profondes transformations, avec le déménagement de l'énorme marché alimentaire vers Rungis dans les années 1960, puis la construction des bâtiments en verre autour d’une cour extérieure, en lieu et place des pavillons Baltard.
Mais les travaux, entamés en 2011 et totalement achevés courant 2018, ont largement changé le visage du le quartier. Outre la construction de l'immense canopée sur le toit du Forum, la zone a été en partie piétonnisée et un nouveau jardin de quatre hectares a été planté entre la Bourse de commerce et l’église Saint-Eustache.
© JOEL SAGET / AFP
L'irruption des géants du numérique dans le quotidien (2011)
A quelques mois d'intervalle, les chauffeurs privés Uber commencent à circuler tandis que les premiers appartements de particuliers sont loués sur la plateforme numérique venue des Etats-Unis, Airbnb. Chacun révolutionne son secteur, pour le meilleur et pour le pire.
Uber a permis à de nombreux noctambules de circuler en l'absence de taxis, et la concurrence a forcé certains chauffeurs à améliorer leur service. Mais en contrepartie, la concurrence des VTC a fait des dommages à la profession, empiétant sur sa clientèle et provoquant une forte baisse de la valeur de la licence.
Pour Airbnb, les effets sont encore plus sensibles, les meublés touristiques ayant une certaines part de responsabilité dans la flambée des prix du logement à Paris. Dans le centre de la ville, pas moins d'un quart des habitations échappe ainsi désormais aux Parisiens.
La mise en route d'Autolib (2011)
La capitale met en place le premier service public d'autopartage de voitures électriques en libre-service du monde. Jusqu'à 4.000 Bluecar sillonnent l'agglomération parisienne, pour atteindre les 5,7 millions de trajets réalisés. Mais courant 2018, le contrat est rompu. Une disparition que la mairie de Paris a cherché à pallier en accompagnant l'installation de trois nouveaux opérateurs de voitures électriques en libre-service : Moov'in, Free2Move et Car2Go.
En parallèle, au moment du renouvellement du contrat d'exploitation de Vélib', la municipalité a choisi Smovengo au détriment de l'historique JC Decaux. La nouvelle version est plus légère et dotée d'une version électrique, mais plus d'un an après son lancement (janvier 2018), le nouvel opérateur peine encore à proposer un service totalement satisfaisant.
La piétonnisation des voies sur berges (2013)
Projet de Bertrand Delanoë, la «reconquête» de la Seine s'effectue d'abord sur la rive gauche, avec la fermeture aux voitures d'un tronçon de 2,4 km entre le pont Royal et le pont de l'Alma.
En 2016, c'est au tout de la voie George Pompidou, sur la rive droite, à être en partie dédiée aux piétons entre le tunnel des Tuileries et le tunnel Henri IV. Malgré les nombreuses critiques et plusieurs rebondissements judiciaires, la piétonnisation des berges a été définitivement validée par la justice en juin 2019.
Depuis, de la végétation ainsi que des troquets ont été installés sur les deux rives.
© GERARD JULIEN / AFP
L'instauration d'une Zone à faibles émissions (2015)
Le 1er septembre 2015, Paris devient la première ville de France à mettre en place une telle stratégie visant à bannir les véhicules les plus polluants. Basée sur les fameuses vignettes Crit'Air, la Zone à faibles émissions (ZFE) se durcit progressivement.
Dans en premier temps, sont interdits les bus et les poids lourds antérieurs à 2001. En 2016, c'est au tour des voitures et deux-roues de cette période d'être visés, avant les véhicules Crit'Air 5 l'année suivante. Et depuis le 1er juillet 2019, l’interdiction s’étend aux véhicules classés Crit'Air 4.
En ligne de mire : la fin des moteurs diesel en 2024 et celle des moteurs thermiques en 2030.
La création de la métropole du Grand Paris (2016)
Au 1er janvier, la capitale et les départements de petite couronne sont intégrés dans une vaste entité de 7 millions d'habitants. Leur coopération vise à des améliorations dans les domaines du logement, l'urbanisme, la réduction des inégalités et le rayonnement de la métropole. Mais celle-ci n'a pas encore des pouvoirs très étendus.
Toujours sur le plan administratif, en 2017, les élus parisiens enterinent la fusion des quatre arrondissements du centre (1er, 2e, 3e et 4e) de la capitale, grâce au nouveau statut de Paris. Elle est programmée pour entrer en vigueur au 1er janvier 2020. Consultés, les habitants choisissent le nom de «Paris Centre», alors que la mairie du 3e arrondissement – située Square du Temple (3e) – est choisie pour devenir la future mairie de ce nouveau quartier.
L'attribution des Jeux Olympiques de 2024 (2017)
Le 13 septembre 2017, alors que les concurrentes Rome, Hambourg et Budapest se sont progressivement désistées, et qu'un accord a été trouvé avec la dernière rivale, Los Angeles, la capitale française est désignée ville-hôte par le Comité international olympique (CIO). Un soulagement après les échecs de 2008 et surtout de 2012.
Les organisateurs ont notamment pris garde à bien appuyer le choix des futurs sites sur des équipements existants. Ainsi, «seuls» le village olympique (à Saint-Denis), le centre aquatique (idem) et l'Arena 2 (à Paris) sont à construire d'ici au début des épreuves, prévues du 26 juillet au 11 août 2024.
De plus, les JO devaient avoir un autre effet : accélérer le calendrier du futur Grand Paris Express. Le prolongement de la ligne 14 (jusqu'à Saint-Denis au Nord et Orly au Sud) et la construction des lignes 16 (Noisy-le-Grand à Saint-Denis) et 17 (Le Mesnil-Amelot à Saint-Denis) faisaient partie des arguments de la candidature parisienne pour desservir les sites olympiques.
Mais les retards successifs et les problèmes de financement laissent penser que seuls quelques tronçons – au mieux – seront en fonction en 2024. Le Charles-de-Gaulle Express, lui, a même été décalé à 2025.
© LUDOVIC MARIN / AFP
L'avènement du free-floating (2017)
En 2016, les scooters électriques de Cityscoot inaugurent la grande tendance des véhicules en libre-service et sans station dans la capitale. Cette entreprise française compte désormais 3.900 scooters déployés à Paris et dans une dizaine de communes limitrophes pour 124.000 inscrits. Son rival, COUP, est arrivé sur le marché en 2017 depuis l'Allemagne et dispose aujourd'hui d'environ 2.000 engins. Lancé au même moment, le troisième concurrent, Mober, a jeté l'éponge au bout de quelques mois.
En novembre 2017, les vélos verts de l'Hongkongais Gobee.bike ont débarqué dans la capitale. En l'espace de quelques mois, de nombreux opérateurs de deux-roues en free-floating (Ofo, Obike, Mobike, Donkey Republic, Oribiky et Jump) ont à leur tour inondé le marché parisien. Mais force est de constater que tous n'ont pas réussi, et que deux ans plus tard, il n'en reste plus que la moitié.
En juin 2018, c'est au tour des trottinettes électriques de faire leur arrivée, avec Lime, puis Bird et Bolt dans les semaines suivantes. Alors que le nombre de marques atteint la douzaine au printemps 2019, un tsunami d'engins déferle dans les rues et sur les trottoirs parisiens. Là encore, le marché s'est régulé de lui-même : de 40.000 trottinettes en circulation en mai, il n'en reste plus «que» 15.000 désormais.
L'ouverture du nouveau Tribunal de grande instance de Paris (2018)
Après cinq ans de travaux, la gigantesque structure de verre a accueilli ses premières audiences dans le nord-est de la capitale, aux Batignolles (17e), en avril 2018. L'œuvre de l'architecte Renzo Piano culmine à 120 m de hauteur, s'étend sur 120.000 m2 et accueille 600 personnes quotidiennement.
En parallèle, cela a entraîné un vaste mouvement dans le système judiciaire multiséculaire de la capitale. Le palais de justice de l'ile de la Cité, de la Police Judiciaire de son mythique QG du «36» quai des Orfèvres. Les vingt tribunaux d'arrondissement y ont également été regroupés.
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L'incendie de la cathédrale Notre-Dame (2019)
Alors qu'elle subit d'importants travaux de restauration, la cathédrale Notre-Dame de Paris est touchée par un grave incendie. Les dégâts sont colossaux : les flammes ont détruit intégralement la flèche, les toitures de la nef et du transept, ainsi que la charpente.
Un drame qui émeut la communauté internationale, à tel point qu'une vague de dons affluent des quatre coins du monde auprès de la Fondation Notre-Dame pour atteindre 380 millions d'euros, provenant de 47.000 donateurs issus de 109 pays.
Si l'édifice est sauvé in extremis de l'effondrement, sa reconstruction devrait néanmoins prendre plusieurs années, selon les architectes. Telle une promesse, Emmanuel Macron s'était alors engagé à la rebâtir d'ici à 2024. Mais le débat est toujours en cours, alors que certains prônent une reconstruction à l'identique, quand d'autres veulent en profiter pour imaginer une cathédrale plus moderne.