L'association militante L214, qui dénoncent les maltraitances animales avec des vidéos clandestines dans l'abattoir de Mauléon (Pyrénées-Atlantiques), a été condamnée ce lundi par le tribunal correctionnel de Pau pour complicité d'atteinte à la vie privée.
L214 avait fourni les caméras à une tierce personne, dont l'anonymat a été préservé, pour filmer l'intérieur des locaux. Elle devra verser une amende de 5.000 euros et 1.500 euros de dommages et intérêts à trois employés de l'abattoir qui avaient porté plainte après la diffusion des images les mettant en scène sur leur lieu de travail.
«c'est une histoire de système, pas de personnes»
L'association également poursuivie pour la diffusion des images, a en revanche été relaxée de cette accusation. «On ne peut qu'être satisfait du principe de la condamnation», a affirmé Me Antoine Tugas, avocat des trois salariés, «ce qui importait, c'est que les salariés ne soient pas identifiés seulement comme des coupables dans ce dossier, mais aussi comme des victimes. Cette condamnation dit que la fin ne justifie pas tous les moyens, il faut s'assigner des limites».
«Cette condamnation est surprenante et inquiétante», a en revanche commenté Brigitte Gothière, présidente de L214, «on a toujours dénoncé la responsabilité sociale et collective, sans dévoiler les identités des travailleurs. C'est une histoire de système, pas de personnes».
l'ancien directeur de l'établissement et quatre salariés condamnés en 2018
«Elle est aussi inquiétante parce qu'elle montre les freins posés devant les lanceurs d'alerte. On ne peut pas imaginer ces situations sans les voir, personne ne visualise cette violence», a-t-elle ajouté. L'association a annoncé son intention de faire appel, «on ne va rien lâcher, on va continuer à témoigner», dit-elle.
A la suite de la diffusion des images de maltraitance en mars 2016, l'ancien directeur de l'établissement et quatre salariés avaient été condamnés le 29 octobre 2018 à des peines allant de six mois de prison avec sursis à des amendes, de 80 à 910 euros, pour «tromperie» et «maltraitance animale».
Pour rappel, les images prises clandestinement dans les locaux montraient des animaux mal étourdis, des moutons saignés encore conscients, voire un agneau écartelé vivant.