Occupant la 8e place du classement des pays les plus consommateurs d'antibiotiques, la France bien que s'étant améliorée sur ce point, reste parmi les mauvais élèves. L'antibiorésistance tue déjà 12.500 patients en France chaque année et pourrait devenir une des principales causes de mortalité d'ici plusieurs dizaines d'années.
Pour l'OMS, elle «est aujourd'hui une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement».
De quoi s'agit-il ?
La résistance aux antibiotiques ou l'antibiorésistance désigne l'inefficacité d'un médicament antibiotique dans le traitement d'une infection et donc son impossibilité à la guérir. Elle s'explique par le développement de bactéries spécifiques et résistantes à ces médicaments.
Les antibiotiques «bloquent la croissance des bactéries en inhibant la synthèse de leur paroi, de leur matériel génétique (ADN ou ARN), de protéines qui leur sont essentielles, ou encore en bloquant certaines voies de leur métabolisme. Pour cela, ils se fixent sur des cibles spécifiques», explique l'Inserm sur son site.
Au début du 20e siècle, la découverte de la microbiologie et l'efficacité des antibiotiques a encouragé leur usage de masse tant pour les humains que pour les animaux.
Quelles en sont les causes ?
Et pourtant, le recours massif à ces nouveaux médicaments est justement ce qui a fait baisser leur efficacité. Plus exactement, c'est ce qui a poussé les bactéries à se réinventer en quelque sorte pour échapper aux antibiotiques. L'Inserm parle d'«une pression de sélection sur les populations bactériennes» qui va encourager les bactéries à muter et se doter de système de défense contre les molécules des antibiotiques.
Mais au-delà de cet effet naturel lié au recours massif à ces médicaments, c'est le mésusage et en particulier le recours excessif aux antiobiotiques qui amplifie le phénomène de résistance.
«Par ailleurs, hommes et animaux rejettent une partie des antibiotiques absorbés, via leurs déjections. D'où la présence de bactéries résistantes dans les cours d'eau en aval des villes ou des élevages, voire dans les nappes phréatiques», précise l'Inserm. Un constat qui complique la prise en charge du problème de la résistance.
Quelles conséquences ?
Le phénomène de résistance est pointé par l'OMS comme une grave menace. Elle pèse à la fois sur «la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement».
En effet, l'institution internationale alerte face au nombre croissant d'infections. La tuberculose ou la gonorrhée, la salmonellose, deviennent plus difficiles à traiter, les antibiotiques utilisés pour les soigner perdant leur efficacité.
Par ricochet, la résistance aux antibiotiques entraîne une prolongation des hospitalisations et donc une augmentation des dépenses médicales avec parfois une issue dramatique pour les patients.
L'antibiorésistance, déjà à l'origine d'une hausse de la mortalité, tue 12.500 patients en France chaque année. Un comble quand on sait que les antibiotiques ont permis une baisse considérable de la mortalité tout au long du siècle dernier.
«Si nous ne prenons pas des mesures d’urgence, nous entrerons bientôt dans une ère postantibiotique dans laquelle des infections courantes et de petites blessures seront à nouveau mortelles», prévient l'OMS.