Des «super-bactéries» mortelles se propagent rapidement dans les hôpitaux européens. C'est ce que révèle une étude publiée dans la revue Nature Microbiology.
En 2015, la bactérie Klebsiella pneumoniae résistante aux antibiotiques avait tué 2.000 personnes, en Europe, contre 341 en 2007. Un nombre de décès multiplié par six en huit ans et dont l'augmentation pourrait se poursuivre, selon des travaux publiés récemment.
La bactérie, souvent présente dans les intestins des hommes et inoffensive, devient dangereuse lorsqu'elle pénètre dans les voies respiratoires. Elle est considérée comme extrêmement résistantes aux antibiotiques.
Une menace importante pour la santé humaine
Elle fait partie des douze «agents pathogènes prioritaires» résistants aux antibiotiques, classés par l'Organisation mondiale de la santé comme constituant une menace importante pour la santé humaine. «Dans notre étude, nous avons constaté que ces bactéries hautement résistantes se propagent principalement entre des patients traités dans le même hôpital ou dans des hôpitaux proches les uns des autres», a déclaré le Dr Sophia David, chercheuse postdoctorale au Centre de surveillance des agents pathogènes génomiques, au Telegraph. Elle a jouté que la superbactérie reste «toujours un sujet de préoccupation majeur» car les infections ont un taux de mortalité élevé.
«[Nous sommes] préoccupés par le fait que, si aucune mesure n'est prise pour réduire la propagation des souches résistantes de Klebsiella pneumoniae, le problème s'aggravera», a aussi redouté le Dr Sophia David.
L'hôpital, principal lieu de propagation de la bactérie
L'étude a analysé 1.700 génomes de Klebsiella pneumoniae provenant de patients de 244 hôpitaux dans 32 pays européens. Il a identifié un petit nombre de gènes responsables de la résistance aux antibiotiques carbapénèmes - ces gènes produisent des enzymes qui rendent les médicaments inutilisables. L’émergence et la propagation rapide de souches de la bactérie appelées «clones à haut risque», qui portent une ou plusieurs de ces enzymes résistantes aux médicaments, sont particulièrement préoccupantes. L'étude a révélé que plus de la moitié des échantillons de bactéries portant cette enzyme étaient étroitement liés à d'autres échantillons du même hôpital, ce qui suggère que c'est le principal lieu de propagation de la bactérie. Parmi les causes pointées du doigt figure l'usage trop fréquent aux antibiotiques, et la forte dépendance des hôpitaux à ces médicaments, dont l'efficacité diminue.
Pour enrayer la propagation de ces «super-bactéries», les chercheurs préconisent d'intensifier le contrôle des bactéries responsables des infections au sein des hôpitaux. Par ailleurs, ils rappellent l'importance de la surveillance génomique pour suivre le développement des clones à haut risque.