Une partie de la faculté de Lyon 2 a été bloquée ce mercredi. Un blocage qui fait suite à la tentative de suicide d'un étudiant lyonnais vendredi et des mobilisations de mardi.
Le campus Porte des Alpes de Lyon 2, situé à Bron, n'a pu accueillir de cours ce mercredi. Le syndicat Solidaires avait appelé au blocage de l'université mardi.
En raison d’un blocage en cours sur le campus Porte des Alpes, les conditions ne permettent pas d’accueillir https://t.co/4tE3LiB7i4 et personnels. Par conséquent le campus PDA sera fermé pour la journée de ce mercredi.
— Université Lyon 2 (@univ_lyon2) November 13, 2019
«Ce qui justifie cette opération de blocage, c'est le refus de l'équipe de la présidence de l'université, du rectorat et du gouvernement d'entamer un dialogue avec les étudiants», a expliqué à l'AFP Bastien Pereira Besteiro, enseignant à Lyon 2 et militant de SUD-Education.
«A chaque demande de dialogue, la réponse c'est le silence. La ministre (de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, ndlr) se contente de communiquer sur de petits troubles et pas sur les problèmes des étudiants, c'est simplement indécent.» Le mouvement contre la précarité étudiante va continuer s'il n'y a pas de réponse concrète du gouvernement, selon lui.
Si beaucoup de personnalités politiques s'accordent sur le fait que la précarité étudiante est un problème de société, les quelques débordements violents de la journée de mardi ont concentré les réactions.
Attaquer les symboles de la République est inacceptable. Les universités sont des lieux où l’on doit tout faire pour faciliter la vie des étudiants, et plus particulièrement ceux en situation de précarité. Ce sont des lieux de débats, pas de violence.
#RTLMatin pic.twitter.com/tGL9HELSL6— Cédric Villani (@VillaniCedric) November 13, 2019
Il est légitime que des étudiants expriment leur solidarité. Mais hier, c’est un tout petit groupe qui est venu, qui a saccagé le lieu et déchiré les pages du livre, rappelant des images terribles de l’histoire. Un livre c’est sacré, surtout quand il parle de démocratie. @BFMTV pic.twitter.com/KhHsLssR1g
— François Hollande (@fhollande) November 13, 2019
Après les actions des étudiants en colère, Guillaume Peltier appelle à "des sanctions exemplaires" https://t.co/zQ7gR7xGtg pic.twitter.com/LgyBuh6pge
— LCI (@LCI) November 13, 2019
Le gouvernement, par la voix de sa porte-parole Sibeth Ndiaye, a estimé que «rien» ne pouvait «justifier que des violences puissent être commises malgré l'événement tragique». Selon elle, «le gouvernement a évidemment pris à bras le corps le sujet de la précarité étudiante et de l'accompagnement à la réussite des études de l'ensemble des étudiants».
«J'accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l'UE de m'avoir tué»
Mardi, de nombreuses manifestations étudiantes avaient émaillé la journée à l'appel du syndicat Solidaires pour dénoncer la précarité des étudiants. A Lyon, un millier de personnes se sont rassemblées devant le CROUS, à l'endroit où Anas K. a tenté de s'immoler par le feu vendredi. A Lille, alors que François Hollande devait tenir une conférence, l'amphithéâtre de la faculté qui devait l'accueillir a été envahi par une centaine d'étudiants qui ont également déchiré les pages de son nouveau livre. A Paris, de nombreux étudiants se sont réunis dans la soirée ; une petite partie d'entre eux a forcé la grille du ministère de l'Enseignement supérieur en criant «Vidal démission».
Avant de passer à l'acte vendredi, Anas K. avait laissé un message sur les réseaux sociaux pour politiser son geste. «Aujourd'hui je vais commettre l'irréparable, si je vise donc le bâtiment du CROUS à Lyon, ce n'est pas pas hasard, je vise un lieu politique, le ministère de l'Enseignement supérieur et la Recherche et par extension, le gouvernement», commençait-il dans la lettre. «J'accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l'UE de m'avoir tué en créant des incertitudes sur l'avenir de tous-tes», poursuivait-il après avoir dénoncé la perte de sa bourse. Le jeune homme est toujours entre la vie et la mort à l'hôpital.
La précarité détruit nos vies.
Depuis hier après-midi, un de nos camarades et ami est entre la vie et la mort, à l’hôpital. En grande précarité financière, privé de bourse, désespéré, il s'est immolé par le feu devant le bâtiment du CROUS de Lyon. pic.twitter.com/n6q9aKvQ0r— Solidaires Étudiant-e-s Lyon (@SolEtuLyon) November 9, 2019
Dans sa dernière enquête en 2016, l'Observatoire de la vie étudiante avait recueilli les données suivantes : 22% des étudiants disaient avoir été confrontés à d'importantes difficultés financières durant l'année et 50% d'entre eux disaient avoir dû se restreindre au moins une fois depuis le début de l'année.