Sur Twitter, l'interdiction du harcèlement vaut visiblement aussi pour les trottinettes électriques : le réseau social a suspendu pendant plusieurs jours un compte qui multipliait les attaques verbales à l'encontre de ces moyens de locomotion citadins (et de leurs conducteurs peu scrupuleux).
Le compte en question, «Ni*** les Trottinettes», alias «@FDPTrottinettes», ou en version longue «Comité de Lutte contre les Fils de Pu*** en Trottinette», s'emploie depuis avril à publier les photos de patinettes électriques en libre-service qui gênent la circulation des voitures et encombrent les trottoirs, au risque de faire chuter certains piétons.
Le tout légendé de piques tantôt acerbes («Mérité.» sous une vidéo montrant la chute d'un usager) tantôt humoristiques («Les héros ne portent pas forcément de cape» sous une vidéo d'un senior renversant des trottinettes par terre). Sa photo de profil – un amas de trottinettes en train de brûler – laisse d'ailleurs peu de place au doute.
Cheh. https://t.co/ZOEutkpA1v
— Nique les Trottinettes (@FDPTrottinettes) September 15, 2019
Les héros ne portent pas forcément de cape. pic.twitter.com/UdGcV73TiJ
— Nique les Trottinettes (@FDPTrottinettes) August 11, 2019
Les «incitations» aux chutes en cause
Si le compte, suivi par près de 4.000 abonnés, force volontairement le trait, frôlant l'«hystérie anti-trottinettes» de l'aveu même de son créateur, il semble être allé trop loin pour Twitter. La direction du réseau social a en décidé de le fermer temporairement, jugeant que deux de ses publications publiées en septembre allaient à l'encontre des règles de modération du réseau social : les commentaires (depuis supprimés) «TOMBE» et «On leur souhaite beaucoup de chutes».
Twitter rappelle en effet qu'il est «interdit de se livrer au harcèlement ciblé d’une personne, ou d’inciter d’autres personnes à le faire», ce qui inclut «le fait de souhaiter ou d’espérer qu’une personne subisse un préjudice physique».
Le compte était donc suspendu pour harcèlement ciblé envers les trottinettes.
Ce n'est même pas une blague. pic.twitter.com/fBbV4kX6f9— Nique les Trottinettes (@FDPTrottinettes) October 8, 2019
un bug de la modération ?
Si cet avertissement apparaît anecdotique, il vient mettre en lumière les difficultés que peut rencontrer le système de modération des réseaux sociaux, chargé de trouver un équilibre entre censure systématique et protection de leurs utilisateurs, notamment vis-à-vis du harcèlement en ligne.
En partie automatisée grâce à un algorithme, la modération de Twitter peut parfois donner lieu à une censure injustifiée (mais temporaire) de publications qui reprennent avec ironie des termes étiquetés haineux. A l'image du compte «Ni*** les Trottinettes». Le second degré, nouveau défi de l'intelligence artificielle ?