Par souci de transparence suite au scandale Cambridge Analytica, Facebook a décidé de dévoiler ses règles de modération internes ce mardi 24 avril.
Depuis 2011, une «vue d'ensemble» des règles de modération du réseau social était accessible aux utilisateurs. Mais la charte interne, destinée aux modérateurs, était jalousement conservée par Facebook. Seules quelques-unes de ces consignes avaient été révélées en 2017, notamment par le Guardian et la Süddeutsche Zeitung.
Menaces et autres contenus haineux strictement prohibés
C'est désormais un document composé de vingt-deux chapitres qui a été publié. Il est divisé en cinq grandes parties : la violence, la sécurité, les contenus répréhensibles, l'intégrité et l'authenticité, et la propriété intellectuelle.
Facebook rappelle ainsi, dans ces standards de la communauté, que les «menaces crédibles» (contenant une cible précise et deux autres détails, comme un lieu, une heure ou une méthode), ainsi que les «contenus haineux» (discours «déshumanisant», déclarations d'«infériorité physique, mentale ou morale» ou «appels à l'exclusion ou à la ségrégation») sont strictement prohibés. Ces mesures ont notamment pour but de protéger les mineurs, mais aussi les «groupes vulnérables», soit «les chefs d'Etat, les témoins et sources, les militants et les journalistes», ainsi que les migrants.
L'incitation au suicide ou à la violence est également interdite sur la plateforme, sauf dans certains cas bien précis : les images d'une euthanasie «dans un cadre médical» ou d'un corps démembré «dans un environnement médical» sont tolérées, mais assorties d'un avertissement.
Le délicat sujet de la nudité
Les règles concernant la nudité, sujet qui a suscité de nombreuses controverses sur le réseau social, ont également été dévoilées. Facebook avait notamment été vivement critiqué pour avoir censuré des œuvres d'art représentant un corps féminin dénudé, dont L'Origine du monde de Gustave Courbet et une «Vénus» paléolithique.
On apprend ainsi que la plateforme autorise les images de «peintures, sculptures et autres œuvres d'art dépeignant des nus», tout comme les photos d'allaitement ou de chirurgie «pour sensibiliser à une cause, ou pour des raisons pédagogiques ou médicales». En revanche, les parties génitales des enfants et les «mamelons» des fillettes sont interdites.
La nouvelle possibilité de réfuter une modération
Malgré une volonté affichée de transparence, Facebook n'a toutefois pas dévoilé la totalité de ses règles de modération internes : «Ces règles suivent de très près celles qui sont utilisées par notre équipe, mais il y a quelques détails que nous avons gardés pour nous, afin d'empêcher des personnes de contourner le système», a affirmé Siobhan Cumminskey, responsable de la politique des contenus, au Monde.
Depuis la publication de ces standards, les utilisateurs de Facebook peuvent désormais faire appel d'une décision de modération : il suffit de demander un arbitrage, et Facebook s'engage à donner une réponse en moins de 24 heures. Pour l'instant, cette nouveauté ne concerne que les publications liées à la nudité, l'activité sexuelle, la violence et les discours haineux.