Bruno Le Maire a assuré vouloir réduire la dépense publique, tout en balayant les critiques du Medef considérées comme «injustes», samedi sur France Inter au lendemain de la présentation du projet de budget 2020.
Le ministre de l'Economie et des Finances a dit vouloir travailler sur de futures économies, alors que le projet de budget s'est vu attaquer par les partisans de la rigueur estimant que les ambitions de réduction du déficit affichées en début de quinquennat n'étaient pas respectées.
«Je le redis, je lance un appel à tous les parlementaires, de la majorité comme de l'opposition. Regardons les masses de dépenses publiques sur lesquelles nous sommes prêts à réduire cette dépense en échange de transformations structurelles», a-t-il déclaré, donnant l'exemple des chambres de commerce et d'industrie (CCI).
«On récupère quasiment un demi-milliard d'euros sur les CCI (...). On leur dit +on fait des économies+ et en échange de cela (...) on leur donne la possibilité de supporter cette réduction de la dépense», a-t-il dit.
«Si vous voulez réduire la dépense publique, il faut du temps et du dialogue», a poursuivi le ministre.
Dans son projet de budget pour l'an prochain, le gouvernement a prévu une baisse de plus de 9 milliards d'euros d'impôts pour les ménages, en particulier via la réduction de l'impôt sur le revenu, et quelques mesures d'économies, comme le quasi-gel des prestations sociales, la suppression de niches fiscales ou une moindre baisse de l'impôt sur les sociétés.
«Politique de l'offre»
Au total, le déficit se situera à 2,2% du PIB, contre 2% initialement prévu par le gouvernement, tandis que le déficit structurel (hors éléments exceptionnels et évolution de la conjoncture) restera stable.
Par ailleurs, M. Le Maire a répondu aux représentants du patronat, qui se sont inquiétés des efforts demandés aux entreprises, le Medef redoutant que ce budget ne fasse «caler le moteur de la croissance».
Pour Bruno le Maire, les critiques du Medef sont «injustes et infondées», a-t-il dit.
«Il n'y pas de changement de politique économique, c'est une politique de l'offre, qui vise à améliorer les capacités de production du pays, à avoir des meilleurs produits, qui se vendent mieux (...) et qui nous permettent de gagner des parts de marché à l'exportation pour créer de la richesse et des emplois dans notre pays», a-t-il affirmé.
«Cela ne nous empêche pas de répondre aussi aux attentes de ces millions de Français qui nous disent 'nous voulons vivre dignement de notre travail'», a-t-il commenté.
Interrogé sur le discours de la jeune Suédoise Greta Thunberg devant l'ONU en début de semaine, le ministre de l'Economie a estimé qu'il fallait écouter «ce message d'alerte», tout en estimant «qu'elle se trompe de combat quand elle cible la France qui essaie justement de porter cette lutte contre le changement climatique».
La lutte contre le changement climatique exige «des accompagnements», a-t-il poursuivi. «Nous, notre responsabilité est de faire en sorte que ce soit supportable par tous, y compris par les centaines de milliers ou les millions de salariés en Europe qui travaillent aujourd'hui dans l'économie carbonée», a jugé le ministre.
Quant à la taxe carbone, «on l'a supprimée pour 2020, mais on verra ce que nous dira la commission citoyenne qui va faire des propositions sur ce sujet», a commenté Le Maire.
«On peut parfaitement imaginer que cette commission nous dise: 'vous pouvez remettre une taxe carbone, mais il faut que chaque euro que paiera le citoyen pour le carbone soit compensé pour le citoyen'».