Le gouvernement, qui veut convaincre les Français qu'il a entendu leurs revendications après la crise des gilets jaunes, a dévoilé ce jeudi 26 septembre un projet de budget 2020 de soutien au pouvoir d'achat, dans un contexte de ralentissement attendu de la croissance.
La crise des gilets jaunes et les inquiétudes sur l'économie mondiale «nous amènent à prendre des décisions qui favorisent l'investissement et la consommation», a défendu le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse à la veille de la présentation du projet de loi de finances en conseil des ministres.
9 milliards d'euros de réduction d'impôts
Le gouvernement prévoit ainsi plus de 9 milliards d'euros de réduction d'impôts pour les Français, notamment via la baisse de 5 milliards d'euros de l'impôt sur le revenu qu'avait promise le président de la République Emmanuel Macron à l'issue du «grand débat national».
En parallèle, la suppression de la taxe d'habitation va se poursuivre et concerner l'an prochain 80% des ménages, soit un gain de plus de 3 milliards d'euros pour les contribuables concernés.
Ces mesures censées soutenir le pouvoir d'achat ont aussi pour but d'alimenter une croissance économique menacée par le ralentissement de l'économie mondiale et les incertitudes liées aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et le Brexit.
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Le gouvernement a ainsi revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2020, à 1,3%, contre 1,4% prévu initialement. La France fera ainsi moins bien que cette année, où le produit intérieur brut (PIB) est attendu en hausse de 1,4%, même si elle devrait mieux résister que ses voisins.
«La politique économique que nous menons (...) donne des résultats. Elle permet à nos entreprises de résister (...) et elle permet surtout aux Français de commencer à toucher les bénéfices de leur travail», a plaidé M. Le Maire.
Dans ce contexte, l'équation budgétaire a été compliquée à boucler pour l'exécutif, qui a dû infléchir son effort de baisse du déficit et de réduction des dépenses publiques.
Côté économies, le projet de loi de finances confirme toutefois le quasi gel de la plupart des prestations sociales (allocations familiales, aides personnalisées au logement, etc.)
En revanche, après avoir déjà accepté de réindexer sur l'inflation les pensions de retraites de moins de 2.000 euros, le gouvernement a dû abandonner in extremis la réduction d'un avantage pour les seniors qui emploient une aide à domicile, face aux protestations jusque dans sa majorité.
Des niches fiscales supprimées
De leur côté, les entreprises verront certaines niches fiscales progressivement supprimées (gazole non routier, déduction forfaitaire spécifique).
L'impôt sur les sociétés, mesure phare de la politique de soutien aux entreprises déployée par Emmanuel Macron au début de son quinquennat, va bien baisser, mais moins vite que prévu. Au total, les entreprises contribueront à hauteur de 1,3 milliard d'euros aux économies, mais elles verront globalement leurs prélèvements se contracter d'un milliard d'euros, a assuré Bercy.
En réponse aux critiques du patronat sur ces mesures, Bruno Le Maire a défendu la «constance» du gouvernement dans son soutien à la compétitivité des entreprises.
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La fonction publique d’État sera elle finalement moins mise à contribution, avec seulement 47 postes supprimés pour l'ensemble des agents de l’État et des opérateurs ayant mission de service public. Mais les évolutions sont très variables d'un ministère à l'autre, l'Intérieur et la Justice étant les grands gagnants et la Transition écologique et la Cohésion des territoires les grands perdants.
Au cours du quinquennat, 10.500 postes seront supprimés, loin des 50.000 prévus dans le programme présidentiel, a annoncé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.
Conséquence : le déficit va bien baisser l'an prochain, après le pic atteint cette année (3,1%), mais il se situera à 2,2% du PIB, contre 2% initialement prévu par le gouvernement. Surtout, le déficit structurel (hors éléments exceptionnels et évolution de la conjoncture) restera stable, et la dette publique va à peine baisser à 98,7% du PIB, après un bond à 98,8% cette année.
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Une situation pointée par le Haut conseil des finances publiques. Dans un avis à paraître vendredi mais dont l'AFP a eu une copie, il regrette un effort «pratiquement nul» pour respecter la trajectoire initiale du déficit structurel.
Mais Bruno Le Maire a défendu les choix du gouvernement : «Vous faites un budget en fonction de priorités économiques et d'une situation économique et sociale», a-t-il insisté, défendant un «acte politique» dans un contexte de crise sociale.
Il a aussi assuré que le rétablissement des finances publiques restait la «ligne stratégique» du gouvernement.