Après les avocats, les médecins, les pilotes, les infirmières, la RATP ou encore Force Ouvrière, c'est au tour de la CGT de défiler mardi dans toute la France contre la future réforme des retraites, pour laquelle le gouvernement prend désormais son temps.
Solidaires, la FSU et l'Unsa-Ferroviaire se sont joints à cet appel à manifester lancé mi-juillet en solo par la CGT au moment de la remise du rapport du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, devenu depuis membre du gouvernement.
A Paris, la manifestation se tiendra entre la place de la République et celle de la Nation, avec le renfort des organisations de jeunesse l'Unef et l'UNL. Aussi opposée à la réforme, Force ouvrière a réuni de son côté plusieurs milliers de personnes samedi.
«On fait une première mobilisation, il y en aura d'autres», a promis la semaine dernière Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Comme on lui demandait si l'exécutif temporisait, M. Martinez s'est exclamé : «Ah ça, ils ont la trouille !»
Emmanuel Macron a récemment expliqué qu'il faudrait «faire des choix. Nous aurons des discussions sur les professions pour qui il y a des régimes spéciaux», mais «peut-être faudra-t-il plus de temps. Il ne faut rien fermer, ne rien fermer trop tôt».
Le gouvernement prévoit de faire voter le projet de loi qui définira le nouveau système universel d'ici juillet 2020, après une nouvelle concertation citoyenne. La réforme prévoit de fusionner en un système unique par points les 42 régimes existants, à l'horizon 2025.
Le président de la République participera jeudi à Rodez à un débat sur ce thème, avec 500 lecteurs du groupe de presse La Dépêche.
Réélu secrétaire général de la CGT en mai, Philippe Martinez s'est récemment ému de ne pas être reçu par le chef de l'Etat, contrairement à d'autres organisations comme la CFDT et l'Unsa. Mais il a depuis «reçu un mail» et un rendez-vous est dans les tuyaux, a-t-il fait savoir.
«Compliqué d'avoir une influence»
Début septembre, il reconnaissait néanmoins qu'il lui serait «compliqué d'avoir une influence» sur cette réforme et avait prévenu qu'il n'aimait «pas perdre (son) temps», à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Édouard Philippe.
Le problème reste selon lui le même : «L'objectif du gouvernement, c'est faire des économies et nous faire travailler plus longtemps». Et le débat qu'il a eu avec le haut-commissaire lors de la fête de l'Huma - ce dernier a écopé de quelques huées - ne l'a pas fait changer d'avis.
Démineur en chef de la réforme, l'ancien médiateur de la République et ancien chiraquien Jean-Paul Develoye a promis qu'il y aurait des «simulateurs individuels entre 2020 et 2025» pour que chacun puisse évaluer les effets de la réforme.
Répondant à une question sur le mécontentement des avocats qui sont eux aussi descendus dans la rue, M. Delevoye a assuré lundi avoir «une solution pour chaque profession».
«Ils vont supprimer les régimes spéciaux mais ils vont en recréer d'autres...», pronostiquait sans rire un négociateur.
Près de 150 mobilisations sont prévues un peu partout en France mardi, sous un mot d'ordre large, commun aux dernières mobilisations : «Emploi, salaires, services publics, retraites: stoppons la régression sociale !».
Quelques perturbations sont programmées à la SNCF, peu sur le TGV. Deux trains Intercités sur cinq, trois TER sur cinq et un Transilien sur deux circuleront en moyenne mardi, selon la direction.
Et après ? Difficile de dire s'il y aura dans quelques semaines une mobilisation commune avec FO, ce qui n'est pas prévu pour l'instant.
FO parle-t-elle à la CGT ? Oui, dit-on de part et d'autre. «Nous aurons besoin de réunir une unité d'action syndicale si nous voulons gagner, nous le savons, et c'est dans ce sens-là que nous travaillons aujourd'hui», a lancé le secrétaire général Yves Veyrier samedi.
Les syndicats de la RATP, qui ont réussi un mouvement de grève massif le 13 septembre, comme il n'y en avait pas eu depuis 2007, se préparent eux pour une nouvelle mobilisation à partir du 5 décembre.