C'est la première fois que des femmes sont jugées aux assises dans un dossier terroriste islamiste. Trois ans après un attentat raté près de Notre-Dame, cinq jihadistes présumées doivent comparaître à partir de lundi à Paris.
Aujourd'hui âgées de 22 à 42 ans, les accusées sont soupçonnées d'avoir voulu lancer des attaques en suivant les consignes de Rachid Kassim, propagandiste du groupe Daesh. Celui-ci, probablement mort en Irak, avait déjà inspiré l'assassinat d'un policier et de sa femme à Magnanville (Yvelines) en juin 2016, puis, en juillet, celui d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie.
Les faits remontent à la nuit du 3 au 4 septembre 2016. Après avoir envoyé une vidéo de revendication à Rachid Kassim, deux des suspectes, Inès Madani et Ornella Gilligmann, garent devant des restaurants près de Notre-Dame une voiture remplie de six bonbonnes de gaz. Après avoir tenté, en vain, d'incendier le véhicule à l'aide de gazoil et d'une cigarette, elles prennent la fuite. Les deux femmes, ainsi qu'une troisième jihadiste recherchée, sont finalement interpellées les 6 et 8 septembre, dans le sud de la France et en région parisienne. Certaines blessent des policiers au couteau lors de leur arrestation.
#Terrorisme > Focus du @CAT_Centre sur la tentative d’attentat aux bonbonnes de gaz à Notre-Dame de #Paris en septembre 2016 dont le procès des protagonistes s’ouvre lundi 23 septembre à Paris devant la Cour d’assises spécialement composée https://t.co/V43ZAWfYpH pic.twitter.com/scw5a5lT6C
— CAT (@CAT_Centre) September 20, 2019
Perméables à «l'idéologie mortifère de Daesh»
Déjà condamnée en avril à huit ans de prison pour avoir incité des candidats au jihad à rejoindre la Syrie ou à commettre des attaques, Inès Madani, 22 ans, sera notamment jugée pour «tentative d'assassinat sur une personne dépositaire de l'autorité publique». Elle nie cependant avoir voulu s'attaquer à un policier: elle lui aurait crié «Tue-moi», voulant mourir en martyr. Elle est notamment connue pour avoir incité des femmes à rejoindre Daesh, en utilisant des pseudonymes de combattants sur les réseaux sociaux. Au téléphone, elle modifiait sa voix pour passer pour un homme.
Cette affaire avait révélé le rôle actif des femmes dans le jihad, prêtes à commettre une attaque en France à défaut de pouvoir partir en Syrie ou en Irak. François Molins, alors procureur de Paris, avait évoqué «un commando terroriste composé de jeunes femmes totalement réceptives à l'idéologie mortifère de Daesh». Le procès, qui se tient devant la cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels, devrait se terminer le 11 octobre.