Trouvant son origine dans le théâtre, le«blackface» est une pratique raciste, qui consiste pour une personne blanche à «se déguiser» en une personne de couleur.
Le compte Twitter du footballeur français Antoine Griezmann a suscité la polémique dimanche soir. Sur une photo postée sur le réseau social, le célèbre attaquant de l'équipe de France de football est déguisé en basketteur noir des années 1980, la peau complétement recouverte de peinture sombre.
Déclencheant la colère des internautes, le joueur de l'Atlético Madrid s'est finalement excusé et a rapidemment supprimé la publication controversée. La raison ? Ce qu'Antoine Griezmann a pris pour un simple déguisement est en réalité une pratique jugée raciste, dénommée le «blackface».
Selon le dictionnaire Cambridge, «le blackface est un maquillage sombre porté par une personne blanche dans le but de ressembler à une personne noire».
Les ministrels shows
Au XIXe siècle, le «blackface» était assimilé à un genre théâtral très populaire aux Etats-Unis : les ministrels shows. Dans ces spectacles dits comiques, des comédiens blancs, le visage peint, incarnaient une caricature stéréotypée des personnes noires. Les personnages apparaissaient le plus souvent ignorants et paresseux, voleurs et menteurs, doués pour la musique et la danse et écorchant la langue anglaise.
Emblématique de cette époque, la chanson «Jump Jim Crow» et sa danse associée rencontrent un succès fou, partout aux Etats-Unis. Interprété par Thomas D. Rice, le visage badigeonné de noir, elle raconte les péripéties d'un Noir du sud des Etats-Unis. La chanson est devenue si populaire qu'elle donnera son nom aux «lois Jim Crow». Dès 1876, cette série de réglements instutionalise dans les états du sud des Etats-Unis la ségrégation raciale entre Noirs et Blancs, séparant les uns des autres dans les transports et les lieux publics.
Le phénomène perdure jusqu'au XXe siècle : le blackface est repris dans les films ou les dessins animés jusqu'à disparaitre totalement à partir des années 1960, dans le sillage des mouvements en faveur des droits civiques. Même Fred Astaire, en son temps, s'est prêté à cette mode, dans «Sur les ailes de la danse», sorti en 1937.
Le «blackface» en France
En France, les exemples de «blackface» sont multiples et ramènent chaque fois la question de son caractère raciste dans le débat : Une journaliste du Elle Magazine déguisée en Solange Knowles, Jonathan Lambert imitant Audrey Pulvar dans l'émission «On n'est pas couchés», des policiers grimés en noir à l'occasion d'une «soirée négro» ou le tutoriel de la youtubeuse Shera Kerienski sont autant d'exemples similaires.
A chaque fois, les affaires suscitent l'indignation. Dans le cas d'Antoine Griezmann, de nombreux internautes ont rappelé que la couleur de peau ne doit pas constituer un déguisement.