Une opération de militants écologistes qui prévoyaient de faire voler des drones à proximité d'Heathrow afin de paralyser le trafic du premier aéroport d'Europe a tourné court vendredi matin.
Les premiers vols de la matinée, en provenance d'Asie, ont pu atterrir normalement peu après l'ouverture de l'aéroport, à partir de 04h30 locales (03h30 GMT). Aucune perturbation n'était signalée.
Des brouilleurs contre les drones
Sur Twitter, les militants d'«Heathrow pause» ont affirmé que des brouilleurs ont été utilisés pour contrer leur plan. La police londonienne s'est refusée à tout commentaire à cet égard.
Peu avant 06h, deux hommes ont été arrêtés à proximité de l'aéroport, a annoncé la police londonienne. Cinq des leaders de l'organisation -trois hommes et deux femmes - avaient déjà été arrêtés jeudi «pour suspicion de complot en vue de commettre une nuisance publique».
Les pistes d'Heathrow sont «pleinement opérationnelles», a déclaré une porte-parole de l'aéroport, indiquant que la plateforme continue de travailler avec les autorités «pour que nos passagers puissent voyager en toute sécurité». «Nous sommes d'accord sur la nécessité d'agir contre le réchauffement climatique, mais une manifestation illégale conçue avec l'intention de perturber des milliers de personnes n'est pas la réponse», a-t-elle ajouté.
Les militants d'«Heathrow Pause» jugent que leur action, contraire à la loi, est «nécessaire» afin que le gouvernement agisse rapidement «contre le réchauffement climatique et l'urgence écologique».
Ils entendent aussi mettre en lumière l'incompatibilité de l'extension de Heathrow avec les engagements du gouvernement britannique d'arriver à un bilan net d'émission de CO2 nul en 2050. L'aéroport, qui a vu passer 80 millions de voyageurs en 2018, prévoit de construire à partir de 2021 une troisième piste, qui sera opérationnelle pour 2026. Son ambition est à terme d'accueillir 130 millions de passagers par an.
«Nous sommes le signal d'alarme qui retentit au milieu de la nuit pour dire aux gens : "Réveillez-vous, votre maison est en feu"», a estimé l'une des activistes du groupe, Sylvia Dell, 61 ans. Cette mère de quatre enfants qualifie de «génocide», «non par intention, mais par négligence», le projet de troisième piste à Heathrow.
série d'incidents
Afin d'éviter tout accident potentiellement dangereux, les militants avaient rencontré des responsables de l'aéroport et de la police. Mais la police londonienne avait prévenu qu'elle n'allait pas tolérer cette action de protestation.
Faire voler un drone est interdit dans un rayon de cinq kilomètres autour des aéroports britanniques, une loi introduite en mars dernier, après une série d'incidents qui avaient fortement perturbé le trafic aérien. En janvier, le signalement d'un drone avait justifié la suspension du trafic aérien à Heathrow pendant plus d'une heure. L'armée avait même été déployée en soutien de la police.
A Noël 2018, l'aéroport de Gatwick, près de Londres, avait été fortement perturbé après plusieurs signalements de ces engins volants télécommandés. Un millier de vols avaient été annulés ou déroutés, affectant 140.000 voyageurs. Plus de 200.000 voyageurs passent par Heathrow chaque jour, qui voyagent sur environ 1.300 vols quotidiens.