L'impressionnant glacier d'Aletsch, le plus grand glacier des Alpes, situé en Suisse dans le canton du Valais, pourrait complètement disparaître d'ici à la fin de ce siècle si rien n'est fait pour freiner le réchauffement climatique, ont averti jeudi des chercheurs suisses.
Les chercheurs ont procédé à des simulations recourant à des techniques de pointe pour mettre en évidence les bouleversements que subira le glacier, d'une superficie de 86 km2 et dont la masse est évaluée à 11 milliards de tonnes de glace, si le réchauffement climatique persiste, a expliqué dans un communiqué l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH).
La langue du glacier a reculé d'environ un kilomètre depuis le début du siècle. Les scientifiques prédisent que cette fonte va se poursuivre même si le monde est capable de remplir les objectifs de l'accord de Paris sur le climat de 2015 visant à contenir sous la barre des 2 degrés le réchauffement climatique par rapports aux niveaux pré-industriels.
Les chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich assurent que, même d'après le scénario le plus optimiste, le glacier pourrait perdre 50% de son volume et de sa longueur d'ici à 2100, tandis que dans le pire des cas, il ne restera plus que "deux minables plaques de glace".
Dans une précédente étude, les chercheurs de cet établissement universitaire avaient déterminé que 90% des quelque 4.000 glaciers des Alpes auraient disparu d'ici à 2100 si rien n'était fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
L'étude rendue publique jeudi porte spécifiquement sur le glacier d'Aletsch. Guillaume Jouvet et Matthias Huss, du Laboratoire d'hydraulique, d'hydrologie et de glaciologie de l'Ecole ont procédé à des simulations en 3D qui font apparaître le recul du glacier en fonction de différents scénarios de réchauffement climatique établis pour la Suisse.
Leurs modèles en 3D montrent le rétrécissement spectaculaire du glacier vu depuis les sommets de l'Eggishorn (2.927 mètres d'altitude) et du Jungfraujoch (3.466 m) au cours des huit prochaines décennies. Les chercheurs se sont fondés sur trois scénarios déterminés par différentes concentrations de CO2 dans l'atmosphère.
Même si le réchauffement est contenu sous les deux degrés et le climat stabilisé d'ici à 2040, il faut partir de l'hypothèse que le glacier d'Aletsch continuera de reculer jusqu'à la fin du siècle, a souligné M. Jouvet, rappelant que les grands glaciers réagissent avec retard au changement climatique.
Cela signifie qu'à la fois "le volume et la longueur seront diminués de plus de la moitié par rapport à aujourd'hui". Mais si en Suisse, la température augmente de quatre à huit degrés d'ici à 2100, "un scénario défavorable mais malheureusement parfaitement réaliste", "seules deux misérables plaques de glace" subsisteront, a-t-il ajouté. La Konkordiaplatz, une vaste étendue encore recouverte d'une épaisseur de 800 mètres de glace située juste derrière le Jungfraujoch, en sera totalement dépourvue, a prévenu M. Jouvet.