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Réforme des retraites : ce que veulent les syndicats

Un retraité manifeste avec des employés d'EHPAD en grève, le 15 mars 2018, à Marseille. [© BERTRAND LANGLOIS / AFP]

Avant d'être reçus à Matignon, jeudi et vendredi, pour une nouvelle concertation sur la réforme des retraites, les syndicats peaufinent leurs revendications, espérant bien peser sur la version finale du texte.

En débat depuis dix-huit mois, le dossier reste entouré d'un grand flou, ni son contenu ni son calendrier n'ayant encore été tranchés par l'exécutif. Alors que le Haut-Commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye, préconisait dans son rapport rendu en juillet un système à points pour remplacer les 42 régimes actuels et un âge incitatif de 64 ans pour une retraite «à taux plein», Emmanuel Macron a créé la surprise en disant préférer «un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge». Pour déminer le terrain, un processus de «concertation citoyenne», inspiré de l'exercice du grand débat national, doit être lancé à l'automne pour tenter de trouver un compromis avec la société civile.

Mais «rien n'est encore décidé à ce stade», notamment sur l'âge pivot, assure l'exécutif. Un grand flou qui ne manque pas de faire réagir les syndicats, les uns mettant en garde contre la réforme, les autres admettant quelques avancées.

LES anti-réforme (dans sa version actuelle)

La CGT

Contre le projet de loi, Philippe Martinez ne retient pas ses coups. Le patron de la CGT dénonce un «enfumage déguisé sous des mots pompeux», estimant que le futur système est le contraire d'un système «solidaire». «Il y a besoin d'améliorer ce système, mais pas de tout changer», affirme-t-il, jugeant que «le système par points est injuste». Et d'ajouter : «On va aller le redire au Premier ministre», mais «si c'est pour botter en touche ou noyer le poisson... On a des doutes.» Quoi qu'il en soit, le syndicat a déjà programmé une journée d'actions le mardi 24 septembre pour faire entendre sa colère.

Force ouvrière

Concernant le volte-face de l'Elysée en faveur d'un accord sur la durée de cotisation, le patron de Force ouvrière, Yves Veyrier, ne se dit «pas dupe». «Ce qui pourrait apparaître comme une position moins arbitraire va conduire beaucoup de personnes à travailler au-delà de 64 ans», déclare-t-il, réaffirmant son opposition à «un système universel par points, qui rendra plus difficile d'atteindre le même niveau de pensions». «Il y a aujourd'hui 42 régimes qui assurent un bon niveau de retraite. Pourquoi les remettre en cause ?» Se dissociant de la CGT, Force ouvrière a prévu une manifestation nationale le 24 septembre.

Solidaires

Avec cette réforme, «tout le monde va être perdant», juge la secrétaire nationale de Solidaires, Evelyne Ngo. Craignant la «paupérisation des retraités», elle regrette que le projet de loi dans sa version actuelle ne garantisse «aucune certitude» concernant l'âge de départ à la retraite ou le taux de remplacement (à savoir le pourcentage de son revenu que conserve un travailleur pour sa retraite).

Quant à la préférence de l'Elysée pour un accord sur le niveau de cotisation, la syndicaliste la tacle de «fausse bonne idée», estimant qu'augmenter la durée de cotisation revient à retarder l'âge de départ, dès lors cela n'exclut pas un système de décotes et de surcotes. Ce que réclame Solidaires ? Un âge de départ fixé à 60 ans et une durée de cotisations à 37 ans, contre respectivement 62 et 43 actuellement.

Les réformistes (qui restent prudents)

La CFDT, mais aussi l'UNSA, la CFTC, la CFE-CGC...

Après avoir qualifié l'instauration d'un âge d'équilibre à 64 ans d'«inutile et injuste», le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, salue la prudence d'Emmanuel Macron sur ce point. Conscient que cela «reste une parole», il attend néanmoins les «concertations» avec le Premier ministre «pour voir comment ça va bouger».

Seule organisation favorable à un «système universel», le leader est surtout «inquiet» de la volonté du président que ce régime «soit équilibré financièrement» quand il entrera en vigueur en 2025. «La CFDT est claire, il n'y a pas besoin d'élément de réforme financier», avertit Laurent Berger, rappelant que la durée de cotisation doit déjà augmenter jusqu'à 43 ans d'ici 2035 : «Il faut s'en tenir à cela, il n'y a pas besoin d'aller au-delà.»

Le patronat (qui veut aller plus loin)

Le Medef, mais aussi l'U2P, la FNSEA, l'UNAPL...

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estime de son côté qu'«il faut faire les deux» : à la fois allonger la durée de cotisation (à au moins 45 ans) et retarder l'âge de départ à la retraite. Et pour cause, selon lui, «on a une impasse financière en 2025 et il faudra augmenter le nombre d’annuités pour passer à 43 ans, mais on ne fera pas l’économie de l’âge. C’est mentir par omission aux Français que de dire le contraire». Le patron des patrons préconise néanmoins l'individualisation de l'âge de départ, afin de «prendre en compte les gens qui ont commencé à travailler tôt».

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