Après avoir perdu en densité ces derniers mois, le mouvement des gilets jaunes peut-il reprendre de plus belle en septembre ? Sur les réseaux sociaux, du moins, l'heure est déjà aux préparatifs.
Si plusieurs centaines de vestes fluo ont participé à différentes manifestations cet été (comme à Biarritz pour l'ouverture du G7 ou à Angers devant un supermarché qui ouvrait pour la première fois sans caissier) et mené leur 42e acte le dernier week-end d'août, c'est véritablement à partir de ce samedi qu'ils comptent passer la seconde, promettant au gouvernement un «septembre noir».
«Gilets jaunes, ce n'est pas fini, la rentrée arrive», annonçait déjà Eric Drouet, un des leaders informels du mouvement, dans une vidéo publiée le 20 août. La grogne «va continuer» car «rien n'a été réglé», selon une autre figure, Yann Le Bihan, au micro de LCI. «Attendez-vous au pire [...] La rentrée va être très très chaude», avançait encore un autre, cité par BFM TV.
Pour cet acte 43 du 7 septembre, c'est Montpellier qui a été choisie comme ville épicentre de la mobilisation, selon des responsables du mouvement. Une semaine plus tard, le 14 septembre, un rassemblement est prévu à Nantes pour le 44e samedi consécutif – un événement qui s'annonce tendu, deux mois après la mort controversée de Steve Caniço, retrouvé noyé dans la Loire après une charge de la police. Puis, comme annoncé sur Facebook, viendra la «mobilisation historique» du «21 septembre : un appel à une grande manifestation à Paris pour «marcher ensemble contre le système, contre la destruction de la planète, le mépris des élites, la réforme des retraites et les fins de mois difficiles». Pas moins de 15.000 personnes se disent pour l'heure intéressées par l'événement, et déjà 3.700 prévoient d'y participer. Des chiffres comparables aux mobilisations d'avant l'été.
© capture Facebook
URGENTISTES, ENSEIGNANTS ET POMPIERS EN RENFORT ?
Si le suivi des manifestations est pour l'heure la grande inconnue de l'équation, plusieurs éléments pourraient motiver les troupes à rebattre le pavé.
En premier lieu, leur sentiment de ne toujours pas avoir été entendus par le gouvernement, que ce soit en matière de pouvoir d'achat ou de pratique démocratique. Dans un récent mea-culpa à demi-mot, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a regretté que les responsables politiques – dont lui-même – soient «passés à côté» des tensions qui annonçaient les gilets jaunes, alors même que les préfets leur avaient fait remonter les inquiétudes d'une partie de la population. Une façon de légitimer leurs revendications, qui pourrait relancer le mouvement. Quant à la récente petite phrase d'Emmanuel Macron sur les policiers qui, selon lui, n'ont pas commis de «violences irréparables» face aux gilets jaunes, elle pourrait remettre le feu aux poudres.
Par ailleurs, les gilets jaunes pourraient décider de se greffer aux autres mouvements sociaux qui agitent aujourd'hui le pays, laissant espérer à certains une convergence des luttes, maintes fois annoncée mais jamais réalisée. Des urgentistes en grève aux enseignants en colère, en passant par les pompiers sur les nerfs, tous sont mobilisés pour réclamer de meilleures conditions de travail au sein des services publics. Enfin, le calendrier s'annonce opportun, alors que le mouvement fêtera, le samedi 16 novembre, lors d'une manifestation nationale, son premier anniversaire. Le 17 novembre 2018, près de 300.000 gilets jaunes avaient défilé à travers toute la France. Un chiffre jamais égalé. Pour le moment ?