Le 18 juillet 2018, un article du Monde déclenchait «l’affaire Benalla», une crise qui allait fortement secouer la présidence Macron et dont l’épilogue est encore loin d’être connu.
Pour se remémorer plus facilement les innombrables rebondissements de ce feuilleton judiciaire, politique et médiatique, voici les moments clés de «l’affaire Benalla».
1er mai 2018
Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron, en charge de la sécurité, et Vincent Crase, qui s’occupe de la sécurité pour LREM et effectue des missions pour la présidence, sont présents du côté des forces de l’ordre lors des manifestations à Paris. Alors que le premier porte un brassard de police et que le second est armé, ils interpellent avec violence un couple qui jetait des projectiles. Ils auraient également usé de la force contre d’autres manifestants, plus tôt dans la journée, au Jardin des Plantes.
18 juillet
Le Monde révèle l’identité de Benalla et Crase comme étant les deux hommes violents du 1er-Mai.
22 juillet
Alexandre Benalla est licencié suite au scandale. Avec Vincent Crase, il est mis en examen pour violences en réunion et immixtion dans l’exercice d’une fonction publique. La veille, l’appartement du premier a été perquisitionné mais le coffre-fort recherché a disparu.
26 juillet
Suite à son licenciement, le ministère des Affaires étrangères demande à Alexandre Benalla de rendre ses passeports diplomatiques, sans que celui-ci n’y réponde. Il les possède depuis mai 2017 afin d’accompagner Emmanuel Macron dans ses déplacements, et s’était pourtant engagé par écrit, le 23 mai, à restituer ces documents (mais n’en avait finalement rien fait).
Surtout, il avait utilisé le 28 juin un courrier à en-tête de l’Elysée pour en obtenir un nouveau. Or, ce document serait un faux.
19 septembre
Lors d’une audition devant la commission d’enquête du Sénat, Alexandre Benalla jure que ses passeports diplomatiques sont restés dans son bureau depuis son licenciement. Le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Patrick Strzoda, dément ces propos. Il les aurait en fait utilisés à 23 reprises.
24 septembre
Mediapart diffuse une photo datant de la campagne présidentielle de 2017 où Alexandre Benalla brandit une arme, alors qu’il n’en avait pas le droit de port. Celui-ci se défend en parlant de «pistolet à eau». La justice découvre qu’il avait acheté un vrai pistolet une semaine auparavant.
8 novembre
Le Quai d’Orsay lance une procédure pour invalider les passeports de Benalla. L’Elysée les lui avait curieusement rendus, en octobre, alors qu’ils n’avaient plus le droit de les utiliser (il continuera à le faire jusqu’à fin décembre, selon Mediapart).
17 décembre
L’existence d’un «contrat russe», datant de juin 2018, entre une société de sécurité créée par Vincent Crase et dont Alexandre Benalla serait le gérant (selon Mediapart), et un oligarque russe Iskander Makhmudov, proche de Vladimir Poutine et d’une organisation criminelle, est révélée. L’ancien poste de Benalla au sein de l’Elysée, qui lui permettait l’accès à des informations hautement sensibles, et qui aurait pu être échangées, pose alors problème.
18 janvier 2019
Alexandre Benalla est mis en examen pour l’usage sans droit de ses passeports diplomatiques et est placé sous statut de témoin assisté pour les soupçons de faux, en lien avec le document à en-tête de l’Elysée produit le 28 juin.
31 janvier
Mediapart dévoile un enregistrement sonore prouvant que Benalla et Crase ont violé leur contrôle judiciaire le 26 juillet précédent, au domicile de Marie-Elodie Poitou, chef de la sécurité de Matignon. Ils y avaient discuté la possibilité de détruire des preuves de leur culpabilité (une enquête est ouverte pour ces faits) pour les faits de la Contrescarpe, et avaient abordé le sujet du « contrat russe ».
7 février
Tandis qu’Alexandre Benalla s’est défendu face à la commission du Sénat d’avoir un lien avec le «contrat russe», le Parquet national financier ouvre une enquête pour corruption.
11 février
Un nouveau contrat de sécurité (datant de décembre 2018) entre une société, créée par un proche de Benalla et qui l’a embauché, et un autre oligarque russe, Farkhad Akhmedov, est dévoilé par Mediapart. Une partie des 980 000 euros du contrat est transférée à la société d’Alexandre Benalla, basée au Maroc.
19 février
Benalla et Crase passent une semaine en détention provisoire pour avoir violé leur contrôle judicaire, le 26 juillet. Le lendemain, la commission d’enquête du Sénat les accuse d’avoir menti durant leurs auditions, de même que le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, et deux collaborateurs. Une enquête préliminaire a été ouverte (la procédure a été classée sans suite pour Strzoda).
20 mars
Alexandre Benalla est mis en examen une nouvelle fois, pour port et détention non autorisée d’armes de catégorie B (pour sa photo avec un pistolet) et pour violences volontaires en réunion, dans une interpellation houleuse survenue le 1er-Mai au Jardin des plantes, quelques instants avant les faits de la Contrescarpe.