L'arrêt des soins de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans, a débuté mardi 2 juillet au CHU de Reims. L'homme est décédé jeudi 11 juillet. Retour sur ce processus qui obéit à un cadre strict ?
Comment arrête-t-on les traitements ?
Les médecins arrêtent la nutrition et l'hydratation artificelles tout en mettant en oeuvre une «sédation profonde et continue» jusqu'à la mort du patient.
Une disposition encadré par la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui interdit l'euthanasie et le suicide assisté mais autorise l'arrêt des traitements en cas «d'obstination déraisonnable». D'après cette loi, les traitement peuvent être «suspendus» lorsqu'ils «apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu'ils n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie». La décision doit être prise par les médecins de façon «collégiale».
Le patient souffre-t-il ?
Selon des recommandations publiées l'an dernier par la Haute autorité de santé (HAS), dans le cas des personnes qui ne peuvent pas exprimer leur volonté, la «sédation profonde et continue jusqu'au décès» est «une mesure de précaution» pour être certain «que le patient ne souffre pas».
Pour la sédation, le midazolam est utilisé en voie intraveineuse. C'est un médicament de la famille des benzodiazépines qui est puissant et son action rapide.
Combien de temps cela dure-t-il ?
Avec l'arrêt simultané de l'hydratation et de l'alimentation, la mort survient après quelques jours, aux alentours d'une semaine, comme l'a expliqué à l'AFP, le Dr Bernard Devalois, spécialiste des soins palliatifs à la maison de santé protestante de Bordeaux Bagatelle.
La mort sera entraînée à la suite de la défaillance des organes, qui cesseront de fonctionner après l'arrêt des traitements. En raison de l'insuffisance rénale, le potassium s'accumulera dans le sang et finira par provoquer l'arrêt du coeur.
L'équipe soignante accompagne le patient jusqu'au bout. Les soins comme la toilette, le toucher-massage, les soins de bouche (compresses humidifiées contre la sécheresse) ou des yeux continuent. Le processus «n'est pas un arrêt de soins, c'est un arrêt du maintien artificiellement en vie», précise le Dr Devalois.
Vincent Lambert est décédé jeudi 11 juillet, soit neuf jours après le début de la procédure d'arrêt des soins.