Après plus de 48 heures de marchandages, les dirigeants européens ont finalement réussi à s'entendre mardi 2 juillet pour désigner les personnalités qui occuperont les postes à responsabilité dans l'UE. Un casting dans lequel Emmanuel Macron a beaucoup pesé, et qui lui est plutôt favorable.
C'est le président français qui, pour sortir les négociations de l'impasse, a soufflé le nom de l'Allemande Ursula von der Leyen pour prendre la tête de la Commission européenne. Une concession faite à Berlin (critiquée notamment par la gauche en France), mais qui a ouvert la voie à une Française, Christine Lagarde, pour diriger la Banque centrale européenne (BCE).
Un vrai événement, puisque la France n'avait plus occupé de poste-clé au sein de l'UE depuis 2011 et la fin de mandat de Jean-Claude Trichet à la BCE - qui occupait le poste de président de l'institution depuis 2003. «Et puis le choix de Christine Lagarde (membre du groupe politique européen de droite PPE et ancienne ministre sous Nicolas Sarkozy, NDLR) conforte Emmanuel Macron auprès de son électorat de droite», estime Olivier Marty, enseignant en questions européennes à Sciences Po.
Le chef d'Etat français a réussi un autre joli coup, en plaçant l'un de ses grands alliés libéraux, le Premier ministre belge Charles Michel, à la tête d'une autre institution majeure de l'UE, le Conseil européen (qui réunit les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres). Emmanuel Macron a en effet maintes fois vanté les qualités du dirigeant belge, pro-européen comme lui, saluant notamment son «courage politique» en mai dernier.
Des tensions avec l'Allemagne
Mais ce processus de nominations à la tête des institutions de l'UE a également mis en lumière «des tensions entre l'Allemagne et la France», note Olivier Marty. Angela Merkel et Emmanuel Macron se sont en effet opposés sur le système des «Spitzenkandidaten», qui veut depuis 2014 que la tête de liste du groupe politique arrivé en tête aux élections européennes prenne la tête de la Commission.
Angela Merkel était partisane de ce mécanisme, et soutenait donc la candidature de son compatriote Manfred Weber, chef de file du PPE (droite), arrivé premier des élections de mai dernier. Alors que, de son côté, Emmanuel Macron critiquait ouvertement ce système. Il a notamment affirmé qu'il rendait otages de la «cuisine des partis européens» les citoyens de l'Union. Une mauvaise stratégie selon Olivier Marty, pour qui le président français «a fait preuve de maladresse en s'opposant au système des 'Spitzenkandidaten', qui aurait au contraire mérité d'être appuyé».
Et même si le compromis final trouvé par les Vingt-Huit (qui abandonne le système des têtes de listes) permet au président français de dire qu'il est «le fruit d'une profonde entente franco-allemande», pas sûr que cet épisode ait véritablement servi les relations entre les deux pays. Ces dernières sont en effet tumultueuses depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, en raison de visions différentes de l'avenir de l'intégration européenne, Berlin ne semblant pas vouloir aller aussi vite que ce que Paris souhaiterait.