La canicule s'installe sur la France, avec des températures qui vont encore monter d'un cran mercredi et une circulation différenciée mise en place dans plusieurs villes en raison de la pollution à l'ozone, dont Paris.
Cet épisode caniculaire exceptionnel pour un mois de juin va se poursuivre au moins jusqu'en fin de semaine, prévient Météo-France.
«Sur les 2/3 sud et est du pays les températures maximales cet après-midi seront généralement comprises entre 35 et 39 °C. Des pics à 40°C seront probablement atteints ponctuellement et des records mensuels voire absolus seront possiblement battus», selon l'organisme de prévision.
Un total de 65 départements ont été placés en vigilance orange. Parmi eux l'ensemble des départements des régions Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Limousin, Ile-de-France et Centre Val de Loire.
Face à l'épisode de pollution à l'ozone en région parisienne, la circulation différenciée est mise en place mercredi à Paris et à Lyon et le sera jeudi à Strasbourg.
Chaleur très inhabituelle
En raison de la vague de chaleur «très inhabituelle» que connaît actuellement l'Ile-de-France, le préfet de police de Paris Didier Lallement a décidé de mettre en place la circulation différenciée «de manière exceptionnelle et de façon anticipée», a annoncé mardi soir la préfecture de police dans un communiqué. Une décision «en parfaite conformité avec le cadre d'action fixé" par le ministre de la Transition écologique François de Rugy, ajoute le texte.
Seuls les véhicules munis d'une vignette Crit'Air de classe 0, 1 et 2 seront autorisés à circuler à l'intérieur du périmètre délimité par l'A86, soit Paris et la petite couronne. Les autres véhicules, voitures à essence immatriculées avant fin 2005 et diesel immatriculées avant fin 2010 (vignettes Crit'Air 4, 5 mais aussi désormais 3), ne pourront pas circuler. La mesure devrait concerner 1/3 des véhicules parisiens et bien plus en Ile-de-France.
Un forfait spécifique «pic de pollution» est disponible sur le réseau francilien de transports collectifs pour que les Franciliens et les visiteurs puissent facilement accéder aux transports en commun.
Jeudi devrait être le jour le plus chaud au niveau national avec des températures encore plus élevées sur une partie centre et sud du pays.
«Les nuits seront également chaudes, avec des températures minimales qui ne descendront pas sous les 19 à 23 degrés, voire 25 degrés dans certaines grandes agglomérations», prévient Météo France.
Lundi, le gouvernement avait annoncé le report de quelques jours des épreuves du brevet des collèges pour «garantir la sécurité des élèves» et certaines écoles seront fermée jeudi et vendredi.
«Je souhaite qu'elles (écoles) soient le plus possible ouvertes mais dans les cas extrêmes, il faut fermer. C'est une décision qui se prend localement, avec les responsables locaux», a précisé le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer interrogé mercredi sur Cnews et précisant qu'il y avait «les circonstances locales liées à la température et celles liées au bâti scolaire».
En attendant, cette chaleur pousse les habitants à chercher les coins d'ombre. Télévision et radio diffusent des messages de prudence, relayés dans les transports et sur les panneaux d'affichage.
Partout, on s'organise
Alors que des membres de l'opposition accusent le gouvernement d'«en faire trop», la ministre de la Santé Agnès Buzyn a assumé cette mobilisation. «Le grand public ne prend pas de précaution, souvent les gens sont dans le déni, continuent à faire du sport», a-t-elle déclaré mercredi sur Europe 1.
«Tant qu'il y aura des morts et des morts inutiles liés à la canicule je pense que mon travail est de rappeler les consignes et de faire en sorte que tout le monde les applique», a-t-elle ajouté.
Cette vague de chaleur venue du Sahara ravive le souvenir de l'épisode d'août 2003, qui avait généré une surmortalité de 15.000 personnes sur plus de 15 jours (plus de 70.000 en Europe).
Il s'agit d'un épisode sans précédent par son intensité et sa précocité, et ce depuis 1947 et l'établissement de relevés détaillés, souligne Météo-France.
Partout on s'organise, y compris pour les spectateurs et équipes du Mondial de foot féminin: messages de prudence aux premiers, boissons spéciales pour les secondes.
Les agriculteurs, eux, doivent se montrer vigilants pour la santé de leurs bêtes. D'autres craignent que la sécheresse n'affecte les fourrages.
Pour la SNCF et la RATP, cette chaleur implique de surveiller très étroitement matériel et infrastructure, notamment les câbles d'alimentation électrique, les caténaires et les voies.
Dans le bâtiment, les représentants du secteur ont annoncé le décalage des horaires des travailleurs.
Les cafetiers en revanche ont le sourire, avec une hausse prévisible du chiffre d'affaires d'au moins 30%.
Avec le réchauffement climatique, les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.