Les partis commencent à s’agiter. Les élections européennes à peine passées, les formations se tournent déjà vers la prochaine échéance, les municipales de mars 2020.
Les premières investitures commencent à tomber – David Belliard a par exemple été désigné tête de liste EELV à Paris samedi 1er juin –, et les stratégies politiques s’aiguisent, aussi bien chez ceux qui ont le vent en poupe (RN, LREM et, dans une moindre mesure, EELV), que chez les formations en crise (LR et PS, notamment). Un scrutin décisif pour l’ensemble des partis, même si leurs objectifs divergent.
Des partis aux ambitions diverses
A La République en marche (LREM), on veut avant tout se constituer une assise locale. Le parti présidentiel ayant été créé en 2016, soit après les dernières municipales de 2014, les maires portant ses couleurs se comptent en effet sur les doigts d’une main, et sont tous des ralliés. LREM – qui va investir ses premiers candidats mi-juin – met donc en ce moment la pression sur les élus LR pour qu’ils la rejoignent. La formation du chef de l’Etat Emmanuel Macron entend en effet profiter de la situation du parti de droite, en lambeaux depuis la déroute des européennes (8,5 % des voix) et la démission dimanche 2 juin de son président Laurent Wauquiez.
Pour éviter une nouvelle gifle électorale, LR veut de son côté mettre davantage en avant le bilan de ses élus que l’étiquette LR elle-même. Mais des rapprochements LR-LREM ne sont pas à exclure dans certaines municipalités.
La stratégie du Rassemblement national (RN), qui contrôle peu de communes (une dizaine), est quasi la même que celle de LREM. S’il souhaite se concentrer sur les «villes symboliques et gagnables», explique le député RN Sébastien Chenu, il veut dans le même temps attirer des élus des droite dans ses rangs. Sa présidente Marine Le Pen a ainsi tendu «la main à tous les cadres et électeurs LR patriotes», tout comme sa nièce, l’ex-députée Marion Maréchal, qui souhaite «une grande coalition» entre le RN et «la droite populaire» issue de LR.
A gauche aussi, le maître-mot est l’union. Pour empêcher le départ de ses élus vers LREM, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure a en effet appelé au «rassemblement», tout comme l’ex-Premier ministre PS Bernard Cazeneuve. Europe Ecologie Les Verts (EELV), qui gouverne déjà avec le PS dans de nombreux exécutifs locaux, n’a pas fermé la porte à des alliances mais, fort de son bon score aux européennes (13,5 %), pourrait faire cavalier seul dans certaines municipalités.
Un paysage bouleversé
Avec un paysage politique dominé par LREM et le RN, et des partis traditionnels en difficulté (LR et PS), ce scrutin local pourrait confirmer la recomposition politique à l’œuvre depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017.
Alors que ce type de scrutin se résumait jusque-là à un duel entre la droite et la gauche, celui de 2020 s’annonce inédit, avec de nombreuses mairies qui pourraient échapper aux Républicains et aux socialistes. «Mais il ne faut pas calquer les résultats des européennes sur les municipales», prévient Frédéric Dabi, de l'Ifop. «C’est en effet un scrutin où l’étiquette partisane est moins importante qu’au niveau national.»