L’extrême droite s’installe. Déjà arrivé en première position il y a cinq ans, le Rassemblement national (RN) a de nouveau terminé en tête des élections européennes, ce dimanche 26 mai, juste devant la liste de La République en marche (LREM).
Le scrutin a en outre été marqué par une forte participation (54 %, contre 42 % en 2014). Cette victoire du RN à l’échelle européenne devrait sans nul doute avoir un impact sur le quinquennat d’Emmanuel Macron.
Le RN gagnant, LREM défait
Avec 23,6 % des suffrages, le parti de Marine Le Pen a remporté le duel face à LREM (22,6 %) qui s’était dessiné durant la campagne. Alors que la liste de la majorité n’a eu cesse d’attaquer le RN, en utilisant le clivage «progressistes» contre «nationalistes», la tête de liste de la formation d’extrême droite, Jordan Bardella, n'a pas caché sa satisfaction ce dimanche soir. «Le peuple français a infligé une sanction claire ainsi qu’une leçon d’humilité au président de la République», a-t-il déclaré.
Bravo à toi Jordan, ainsi qu’à tous nos colistiers et nos militants pour cette belle campagne.
Et merci à tous ceux qui se sont mobilisés : cette victoire, c’est vous qui l’avez rendue possible ! MLP#LaVictoireDuPeuple pic.twitter.com/e2EEKXptPa— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 26 mai 2019
LREM a, il est vrai, sans doute payé la crise des gilets jaunes, mais aussi la campagne de sa tête de liste, Nathalie Loiseau, marquée par de nombreuses polémiques, notamment sur sa présence sur une liste d’extrême droite lorsqu’elle était étudiante ou sa bande dessinée, accusée de banaliser l’homophobie. Malgré tout, l’entourage du président a salué un «score honorable» qui montre que «la majorité présidentielle tient bon».
LREM, deuxième, arrive en effet largement devant les autres partis. La surprise vient du score inespéré d’Europe Ecologie - Les Verts (13,1 %), mais aussi de la claque reçue par Les Républicains, seulement quatrièmes avec 8,1 %. Suivent le Parti socialiste et Place publique (6,4 %) et La France insoumise (6,1 %). Quant à Debout la France et Génération.s, ils ont réussi à atteindre les 3 %, permettant le remboursement de leurs frais de campagne.
Quel impact pour l’exécutif ?
Le RN compte surfer sur cette performance aux européennes pour peser sur la suite du mandat d’Emmanuel Macron. Sa présidente, Marine Le Pen, n’a pas perdu de temps, en appelant dès ce dimanche soir à la dissolution de l’Assemblée nationale. Un message pas entendu par Emmanuel Macron, qui compte «intensifier l’acte 2 de son quinquennat» et ne fera «pas de changement de cap», a indiqué son entourage.
Malgré tout, les réformes que souhaite mettre en œuvre le chef de l’Etat (retraites, fonction publique…) pourraient devenir plus difficiles à imposer, le RN ayant gagné une légitimité par les urnes qui pourrait l’aider dans sa lutte contre les projets de l’exécutif. En revanche, un remaniement ministériel n’est pas exclu, cette option ayant été avancée avant le scrutin par plusieurs cadres LREM.