Samedi 1er juin, douze Franciliennes, âgées de 18 à 39 ans, défileront lors de la finale du concours Miss Ronde Île-de-France. Eugénie, candidate représentante de Pontault-Combault, en Seine-et-Marne, s’est confiée à CNews.
Eugénie, quel est votre rapport à votre corps ? A-t-il évolué avec le temps ?
J'étais une petite fille ronde, mais beaucoup moins que ce que me renvoyaient les moqueries de mes camarades quand je regarde les photos maintenant. Je suis devenue une ado peu sûre d'elle et pas à l'aise avec son corps, je me cachais sous des fringues trop grandes. J'ai apprivoisé ce corps grâce au sport, à la danse, à mes rencontres et à un travail sur moi. Être féminine est venu petit à petit après le lycée. J'ai appris à prendre soin de moi, et voir d'autres femmes rondes assumer leur féminité, se mettre en valeur m'a aidée. Le concours Miss Ronde Île-de-France m'aide à continuer à avancer sur ce chemin d'amour de moi.
Pensez-vous qu'il est plus facile d'être ronde à notre époque, avec des mouvements comme le «Body Positive» notamment, ou qu'il s'agit d'un leurre ?
Je pense que le «Body Positive» n'est pas seulement un mouvement pour les rondes et même pas seulement pour les femmes. C'est un mouvement qui promeut la diversité et s'adresse aux trop grands, trop maigres, trop roux, trop originaux... Cela m'a aidée a me sentir bien et ce mouvement fait évoluer la mode grande taille, des enseignes comme Gémo font des collaborations avec Lalaa Misaki et la Halle avec Stéphanie Zwicky pour proposer des collections plus stylées qu'il y a 5 ans par exemple. Il donne a réflechir aux gens et c'est une bonne chose.
Que pensez-vous du concours Miss France, organisé chaque année et qui soulève toujours des polémiques ?
Je penses que cela est dommage que les critères soit si restrictifs, il y aura peut-être, dans le futur, une seule et même élection pour donner leur chance à toutes les femmes.
Pourquoi avez-vous eu envie de participer au concours Miss Ronde Île-de-France ?
J'ai eu envie de me challenger en m'inscrivant aux pré-sélections de Miss Ronde Île-de-France, nous étions 25 femmes et nous sommes douze a avoir été sélectionnées pour participer à la finale le 1er juin 2019 à Quincy-Voisin, près de Meaux.
La femme ronde est belle et a sa place dans l'espace public
Je savais que défiler, être prise en photo allait me sortir de ma zone de confort, et j'en avais besoin pour savoir où j'en étais sur mon chemin de l'amour de moi et mon regard sur moi.
Quelle est l’ambiance entre les candidates ?
On s'entraide sur le choix des tenues pour les shootings, on se donne des conseils, on partage nos expériences. J'ai aussi voulu m’inscrire pour ce partage et avoir l'énergie commune avec le comité pour montrer que la femme ronde est belle et a sa place dans l'espace public.
Comment vous préparez-vous à cette finale ?
Depuis fin février, date des pré-sélections, nous travaillons notre démarche avec la miss 2018 et les dauphines actuelles, nous avons des shootings photos et franchement, cela change le regard que l'on se porte de se voir en photo et se trouver jolie, et je pense que c'est vrai pour l'ensemble des douze candidates. En ce moment, nous répétons pour préparer l'élection et le show du 1er juin : défiler avec différentes tenues (robes de marié, tenues orientales et lingeries prêtées par nos partenaires), en talons ce n'est pas facile, mais on s'amuse beaucoup !
![Défilé des modèles rondes à Trocadéro à Paris, le 28 avril 2019 [Martin BUREAU / AFP]](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_200_112/public/fea0d9c41344ea4aa3f90aee8d44b3fa29c8b023.jpg?itok=YqKoo5XH "Défilé des modèles rondes à Trocadéro à Paris, le 28 avril 2019 [Martin BUREAU / AFP]")
Que pensez-vous des réseaux sociaux comme Instagram, où l'image est très contrôlée, et de leur impact sur les femmes ?
J'aime Instagram car je choisis les personnes que je veux y suivre et donc ce que je vois quand je m'y connecte. J’apprécie y voir des choses bienveillantes sur des sujets qui m'intéressent comme l'écologie, la cuisine saine, la beauté au naturel, la mode (grande taille)... Je suis des comptes qui m'inspirent. Comme tous les réseaux sociaux, on y voit de jolies photos de paysages ou de femmes bien habillées et maquillées, mais c'est la représentation d'un instant. Certaines femmes se dévalorisent de ne pas être comme ces autres, de ne pas voyager autant, ou de ne pas avoir autant de produits. Il faut donc garder à l’esprit que ce n'est pas la vraie vie et ne pas se comparer. Il y a de bons et moins bons côtés comme pour tout, chaque médaille a son revers.
Que diriez-vous à des jeunes filles qui complexent sur leurs rondeurs ?
Je leur dirais que ce n'est pas facile de sortir des standards de la société, mais que peu de femmes ressemblent aux mannequins des magazines, par exemple. Qu'être ronde n'est pas une fatalité, cela n’empêche en rien d'être sportive, féminine, de danser ou de réussir sa vie professionnelle ou personnelle. Avoir une différence est souvent une force, et être une belle femme ne s’arrête pas à l'apparence, nous sommes plus que notre apparence.
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