Après quarante-huit heures de garde à vue, l'anesthésiste Frédéric Péchier a été déféré jeudi matin au tribunal de Besançon, où il pourrait être mis en examen dans la journée pour de nouveaux empoisonnements.
«M. Péchier a été déféré au tribunal de grande instance de Besançon en vue de sa présentation aux magistrats instructeurs», a indiqué à l'AFP le procureur de la République Etienne Manteaux.
Sa garde à vue s'inscrivait dans une enquête préliminaire conduite depuis deux ans, distincte de l'information judiciaire dans laquelle il avait été déjà mis en examen en mai 2017 pour sept premiers cas de patients, dont deux étaient décédés, a-t-on précisé de même source.
Déjà suspecté de sept empoisonnements, dont deux mortels
L'homme avait été mis en examen pour «empoisonnements avec préméditation» sur sept patients âgées de 37 à 53 ans, opérés dans deux cliniques de Besançon, a indiqué à l'AFP la vice-procureure de Besançon Christine De Curraize. Le parquet de Besançon a demandé le placement en détention provisoire du médecin, et le juge de la détention et des libertés ne s'était pas encore prononcé tard dans la soirée.
«Pour l'instant, il conteste être à l'origine de l'intoxication dont ont été victimes ces personnes», a précisé Christine De Curraize. Les sept victimes - quatre femmes et trois hommes - ont reçu au cours de leurs opérations des «doses létales de substances», dont la magistrate n'a pas précisé la nature, qui ont provoqué un arrêt cardiaque. Deux d'entre elles n'ont pas pu être réanimées : un homme de 53 ans décédé en 2008 pendant une opération des reins, et une femme de 51 ans décédée en 2016 au cours d'une opération pour une fracture.
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Ces empoisonnements présumés ont été perpétrés sur des patients «qui n'avaient pas de prédispositions particulières», a ajouté Christine De Curraize. Ils se sont déroulés entre 2008 et janvier 2017 lors d'opérations à la Clinique Saint-Vincent de Besançon, où exerce actuellement le praticien, et à la Polyclinique de Franche-Comté. Le médecin est reconnu dans le milieu médical bisontin pour ses qualités professionnelles, notamment techniques.
Administration volontaire ?
D'après les investigations de la police judiciaire, «nous avons des indices graves et concordants» qui permettent de «présupposer l'administration volontaire de substances mortelles, il s'agit de faits gravissimes», a dit la vice-procureure. Une première information judiciaire avait été ouverte pour «homicide involontaire» afin de comprendre le premier décès, puis l'Agence régionale de santé avait signalé d'autres faits suspects, entrainant l'ouverture une nouvelle instruction en 2017.