Alors qu'elle s'apprête à fêter ses 130 ans, la vieille dame subit un lifting en profondeur. Depuis l'automne 2018, la Dame de fer s'offre en effet un énorme coup de pinceau.
«C'est l’un des plus gros chantiers que la tour Eiffel ait jamais connu depuis sa construction», a annoncé Anne Yannic, la directrice générale de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE).
Si des travaux de peinture ont lieu en moyenne tous les sept ans, ceux-ci, les vingtièmes depuis la construction du monument, comportent une dimension supplémentaire.
Le monument en partie décapé
«Par endroit, les dix-neuf couches de peinture précédentes se craquellent et rendraient impossible l’adhérence d’une nouvelle», indique Alain Dumas, directeur technique de la SETE. Ce procédé sera appliqué sur 10 % de la structure (soit près de 25.000 m2), et conduira à enlever «une trentaine de tonnes» de peinture.
Pour ce faire, des échafaudages sont successivement entre le rez-de-chaussée et le premier étage, sur les piliers sud et est, face au Champs-de-Mars. Puis, une fois le fer mis à nu, une nouvelle couche du célèbre «brun tour Eiffel» est passée. Le reste du monument, lui, est peint plus traditionnellement.
Une intervention indispensable pour la tour Eiffel, car sa peinture fait office de carapace pour sa structure métallique, la protégeant contre les intempéries, la rouille et la pollution. Ainsi, soixante nouvelles tonnes de peinture vont être appliquées dessus.
Ce processus est assuré par une équipe allant jusqu’à quatre-vingts ouvriers déployés simultanément, contre une quinzaine lors d'une opération classique. Et ils œuvrent sur plusieurs points de la tour, alors qu'ils travaillent d'ordinaire en descendant, depuis le sommet jusqu'en bas.
De plus, les équipes techniques en profitent pour mener des réparations légères et remplacer «quelques dizaines» d'attaches d'éléments métalliques, sur les millions que compte le monument. «Nous reprenons la technique traditionnelle utilisée à l’époque de Gustave Eiffel, le rivetage à chaud, afin de respecter ce patrimoine», explique Alain Dumas.
La durée et le coût du chantier sont aussi exceptionnels : près de trois ans jusqu’à mi-2021 et environ quarante millions d’euros, contre dix-huit mois et 6 millions habituellement. Une opération budgétée dans le cadre du renouvellement de la délégation service public, votée en 2017 par la mairie de Paris, pour laquelle le plan contractuel d’investissement s'élève à trois-cents millions d’euros.
Ce renouvellement de la peinture de la dame de fer vient s'ajouter au vaste chantier en cours à ses pieds, avec l'érection – achevée – d'un mur anti-balles et le réaménagement des jardins.
«Nous faisons entrer le site dans le XXIe siècle. C'est une transformation fondamentale du bâtiment et de sa relation à son environnement, tout en gardant ses particularités et son héritage. Mais on se doit de mieux accueillir les six à sept millions de visiteurs annuels qu'aujourd'hui», souligne Anne Yannic.