On l'a vu avec la crise des gilets jaunes, les problématiques sociales (travail, pouvoir d'achat, protection sociale...) font partie des principales préoccupations des Français. Pour les élections européennes du 26 mai prochain, les partis en lice évoquent largement ce thème dans leurs programmes.
Ils insistent sur le renforcement des droits des salariés
Plusieurs partis ont pour ambition de renforcer la protection des salariés, notamment des plus vulnérables. Ils sont ainsi nombreux à proposer l'instauration d'un salaire minimum européen : Génération.s, La République en marche (LREM), Parti socialiste (PS)-Place publique, Europe Ecologie Les Verts (EELV), Parti communiste (PCF) ainsi que La France insoumise (LFI), le parti mené par Manon Aubry souhaitant aussi la création d'un salaire maximum européen.
EELV envisage aussi la mise en place, à côté du Smic européen, d'un revenu minimum européen, «au niveau des seuils nationaux de pauvreté». Génération.s propose de son côté de porter l'idée d'un revenu universel européen, comme l'a proposée, au niveau national, sa tête de liste Benoît Hamon lors de la présidentielle 2017.
Pour protéger les salariés en cas de crise économique, la liste PS-Place publique réclame la mise en place d'un «bouclier emploi», permettant de soutenir les systèmes nationaux d’assurance-chômage et de maintenir l’emploi ou d'accompagner la reconversion des salariés, et ainsi d'empêcher les licenciements. La liste de gauche souhaite également redonner du pouvoir d'achat aux Français, en appliquant un taux de TVA à 0 % sur les produits de première nécessité.
Le PCF veut, lui, interdire les délocalisations dès lors qu'un site est bénéficiaire, ainsi que les délocalisations intracommunautaires, LFI rejoignant les communistes sur ce dernier point. LREM propose de son côté l'instauration d'une «Garantie Zéro Chômage», pour que «personne ne renonce à une formation ou à des études pour des raisons financières».
Pas de salaire minimum européen du côté du programme de l'UDI, mais la même volonté de mieux protéger les citoyens européens. Le parti de Jean-Christophe Lagarde veut créer un taux minimum et maximum de cotisations sociales en Europe, «afin que la concurrence entre les entreprises ne puisse plus se faire au détriment du niveau de protection sociale de leurs salariés».
De nombreux partis appellent également à supprimer ou à réviser la très critiquée directive sur les travailleurs détachés. Cette dernière permet à une entreprise d'envoyer l'un de ses salariés dans un autre pays de l'UE pour une mission ponctuelle. Celui-ci bénéficie alors d'un «noyau dur» de droits en vigueur dans l'Etat membre d’accueil, tout en continuant à relever de la législation de l’Etat membre d’origine.
Pour Les Républicains (LR), LREM, l'UDI, PS-Place publique et EELV, il faut réformer ce texte. Pour le PCF et LFI, il faut carrément l'abolir. Mais derrière cette différence de vues, le même objectif : arriver au principe «à travail égal, salaire égal et coût du travail égal» entre travailleurs détachés et locaux, afin de lutter contre le dumping social au sein de l'UE, c'est-à-dire la pression à la baisse sur les salaires et la protection des travailleurs.
Ils insistent sur la hausse du pouvoir d'achat des français
Au Rassemblement national (RN), l'idée est plutôt de préserver le pouvoir d'achat des Français. Le parti d'extrême droite, mené par Jordan Bardella pour ce scrutin, refuse l'harmonisation sociale prônée par les partis de gauche, et donc notamment l'idée d'un Smic européen. A la place, le RN veut baisser les impôts des Français, en diminuant notamment la contribution de la France au budget de l'UE.
Un programme que l'on retrouve aussi chez Debout la France (DLF). Le parti souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan souhaite récupérer 80 % des 9 milliards d’euros «que les Français versent en excédent à l’Union européenne». Il veut aussi baisser les impôts des Français d’au moins 50 milliards d’euros par an «en récupérant les ressources détournées par les fraudes à la TVA et la fraude fiscale de certaines multinationales».
De leur côté, Les Patriotes proposent une hausse du Smic de 25 % en cinq ans, ainsi que la hausse du montant des petites retraites.
Sur la directive sur les travailleurs détachés, le Rassemblement national, Debout la France et Les Patriotes rejoignent la plupart des autres partis : il veulent eux aussi l'abrogation de ce texte (pour le RN et DLF), quand la sortie de l'UE prônée par Les Patriotes entraînerait mécaniquement le retrait de cette directive du droit français.
Ils insistent sur les droits des salariés et le pouvoir d'achat
Dans le programme de Lutte ouvrière (LO) figurent des mesures relatives et à l'emploi et au pouvoir d'achat. En effet, la liste conduite par Nathalie Arthaud veut interdire les licenciements et «répartir le travail entre tous», tout en appelant à augmenter les salaires d'au moins 300 euros.
Deux objectifs qui figurent également dans le programme de l'UPR. La formation de François Asselineau veut lutter contre l' «ubérisation de la société» et abroger la directive sur les travailleurs détachés, et réclame en même temps une augmentation du Smic de 12 %, ainsi qu'un allègement des charges et des impôts.