Plus de cents médecins ont dénoncé le «fichage» des gilets jaunes dans une tribune publiée sur le site de l'Express, après que l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris ait démenti le partage des informations sur les militants blessés aux autorités.
Rappelant leur «attachement viscéral au secret professionnel», les médecins concernés se sont d'une même plume élevés contre «tout fichage des patients sans leur consentement, visant à une transmission des données en dehors de l'hôpital à des fins autres que médicales».
Les médecins accusent notamment l'administration hospitalière et les agences régionales de santé (ARS) de se servir du dispositif SI-VIC, réservé aux situations sanitaires exceptionnelles et mis en place suite aux attentats du 13 novembre 2015, pour traquer les gilets jaunes blessés, «saisir leurs identités et données médicales mais aussi tout élément d'identification physique pour remontrer des informations aux différentes autorités».
Refusant de se soumettre à «la violation du secret professionnel au détriment des malades», les signataires de la tribune parmi lesquels figurent notament le cofondateur de Médecins du monde Jacques Bérès et le cofondateur de Médecins sans frontières Bernard Debré, ont évoqué un «devoir de désobéissance éthique».
L'AP-HP se justifie
Quelques jours plus tôt, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait nié les accusations de l'Ordre des médecins, avant de reconnaître que le fichier nominatif SI-VIC avait parfois inclus «de manière inappropriée» certains détails médicaux, précisant néanmoins que le fichier n'était pas accessible aux ministères de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères.