Inquiets suite au «nombre inédit de contusions oculaires graves» causées par des tirs de LBD, trente-cinq ophtalmologistes d'hôpitaux prestigieux ont adressé un courrier au président Macron, lui demandant un «moratoire» sur l'utilisation de ces balles de défense.
Sans réponse depuis l'envoi de leur missive, il y a un mois, les médecins ont décidé de rendre leur message public. «Une telle 'épidémie' de blessures oculaires gravissimes ne s'est jamais rencontrée», expliquent-ils dans leur lettre publiée ce dimanche 10 mars dans le JDD. «Nous, ophtalmologistes dont la profession est de prévenir et guérir les pathologies oculaires, demandons instamment un moratoire dans l'utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l'ordre», poursuivent-ils.
Ils estiment que ces blessures «ne sont pas dues au hasard ou à l'inexpérience», car «le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l'imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations». Des mutilations particulièrement sévères «souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique», et encore plus grave que celles causées par les balles de golf, qui «conduisent dans la majorité des cas à la perte de la vision et dans un tiers des cas à l'énucléation».
Des dizaines de blessés graves
Le groupe assure toutefois qu'elle n'a aucune intention politique, mais agit dans une démarche «purement humaniste, avec pour seul but d'éviter d'autres mutilations».
Pour l'instant, la cellule de veille qu'ils ont mis en place avec la Société française d'ophtalmologie a déjà recensé une vingtaine de personnes ayant perdu un œil. Checknews, le site de vérification de Libération, estimait en janvier dernier qu'une soixantaine d'individus avait été gravement blessée par ces balles de défense, qui restent largement décriées.
Selon les chiffres du gouvernement, plus de 13.000 tirs de LBD ont été effectués depuis le début du mouvement des «gilets jaunes».