Les Black Blocs font régulièrement parler d'eux lors des manifestations, telles que celle contre la réforme des retraites de ce jeudi 19 janvier. Qui sont-ils ?
Des jeunes radicalisés et violents. Véritable cauchemar des forces de l’ordre lors de manifestations, les Black Blocs font parfois parler d’eux lors des grandes mobilisations
Lors du rassemblement parisien contre la réforme des retraites de ce jeudi 19 janvier 2023, à l'avant du cortège, des Black Blocs ont ainsi jeté des poubelles, bouteilles, fumigènes et divers objets sur les policiers.
Les unités mobiles sont intervenues pour disperser le groupe en faisant usage de gaz lacrymogènes, à quelques pas de la place de la Bastille. Les Black Blocs, portant des casques, cagoules et vêtements noirs, ont affronté les forces de l'ordre boulevard Beaumarchais après les avoir huées quand ils les apercevaient dans les rues adjacentes. «Tout le monde déteste la police», entonnaient-ils aussi en choeur.
Ces jeunes hostiles aux institutions sont bien connus des autorités pour mener régulièrement des actions spontanées, voire violentes, lors des manifestations.
«Les Black Blocs forment, dans les manifestations, des groupes éphémères, dont l'objectif est de commettre des actions illégales, en formant une foule anonyme non identifiable», expliquait déjà il y a quatre ans Pierre-Henry Brandet, alors porte-parole du ministère de l'Intérieur.
«Issus de la mouvance anarchiste»
Apparus pour la première fois à Berlin Ouest, en Allemagne au début des années 1980, ils formaient des groupes de résistance face aux violences policières. Ces militants d'extrême gauche ripostaient avec force contre la police, armés de bâtons et habillés en noir. Ces caractéristiques leurs vaudront le surnom de «schwarzer blocks» («bloc noir»).
«C'est la raison pour laquelle ces individus portent des vêtements noirs ou très sombres, ce qui rend difficile le travail d'identification et d'interpellation. Ils s'habillent ainsi au dernier moment, et changent immédiatement de tenue une fois les exactions terminées», poursuivait Pierre-Henry Brandet. Selon lui, ils sont «pour beaucoup issus de la mouvance anarchiste» et participent notamment à «tous les combats altermondialistes violents».
Et pour cause, aujourd'hui largement démocratisé, le mouvement des «Black Blocs» se retrouve un peu partout dans le monde. Ils avaient notamment causé des incendies et des dégradations en marge du sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999 et de celui de l'Otan dix ans plus tard à Strasbourg et à Kehl (Allemagne).
En France, «autour d'un millier» (en 2014) de personnes auraient fait partie de la mouvance plus large des «autonomes» – dont sont issus les «Black Blocs» –, estimait Rémy Piperaud, auteur d'un mémoire sur le sujet à l'université Versailles-Saint-Quentin. «Le refus du principe de représentation est l'un des rares éléments idéologiques fédérateurs» du mouvement «constitué essentiellement de squatteurs et d'étudiants», analysait-il.
Prudents, les «Black Blocs» évitent en général toute action coordonnée mais ils communiquent toutefois par l'intermédiaire de sites d'information ou de socialisation sur Internet. Leur action se veut spontanée, hors cadre syndical ou politique.