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Notre-Dame : comment reconstruire ?

Bois, métal, béton... Les architectes s'opposent sur le matériau à utiliser pour restaurer la charpente de Notre-Dame, détruite pendant l'incendie. Bois, métal, béton... Les architectes s'opposent sur le matériau à utiliser pour restaurer la charpente de Notre-Dame, détruite pendant l'incendie. [Amaury BLIN / AFP]

Après l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, la question est maintenant de savoir de quelle façon restaurer l’édifice. Un débat oppose les partisans d'une reconstruction à l'identique et ceux appelant à innover.

Selon l'architecte Roland Castro, interrogé par Le Parisien, «ce n’est pas le moment de faire une nouvelle cathédrale. [...] C’est un édifice tellement chargé d’histoire, et une histoire tellement longue, qu’il ne faut pas y toucher».

 

Mais certains doutent de la faisabilité d'un tel projet. Bertrand de Feydeau, vice-président de la Fondation du patrimoine, a affirmé sur Franceinfo que la charpente en bois, dont une grande partie a brûlé dans l'incendie, n'était «pas reconstituable». «Nous n'avons plus sur notre territoire d'arbres d'une taille telle que ceux qui ont été coupés au XIIIe siècle et qui constituaient ce qu'on appelle la forêt primaire», a-t-il expliqué.

Ainsi, des voix s'élèvent pour reconstruire la charpente, surnommée la «forêt», avec des matériaux modernes, comme le métal ou le béton. Cette solution pourrait être privilégiée au vu du timing serré souhaité par Emmanuel Macron pour le restauration de Notre-Dame. Le président de la République veut en effet qu'elle soit rebâtie «d'ici cinq années».

«Cinq ans est un délai très court pour une charpente en bois», a noté l'architecte Christiane Schmuckle-Mollard, qui a travaillé à la restauration de la cathédrale de Strasbourg. Elle fait partie des experts du patrimoine qui appellent à s'inspirer de la reconstruction de la cathédrale de Reims, détruite par un bombardement allemand en 1914, dont la charpente a été refaite en béton armé.

Même si c'est ce choix qui est finalement fait, la durée de cinq ans préconisée par Emmanuel Macron pour les travaux fait l'objet de critiques chez les experts du patrimoine. «Prendre comme principe qu’il faut aller très vite pour un bâtiment qui frise le millénaire est une erreur. Il ne faut surtout pas réduire le temps des études qui conditionnent la pertinence des travaux», alerte ainsi Denis Dessus, président de l'Ordre des architectes. Dans tous les cas, pour Benjamin Mouton, ancien architecte en chef de la cathédrale, interviewé sur Europe 1, «l'important est de refaire une toiture qui donnera la même silhouette» à Notre-Dame.

Un concours d'architectes pour la flèche

A côté de la charpente se pose également la question de la flèche de Notre-Dame, oeuvre de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc au XIXème siècle, qui s'est effondrée pendant l'incendie. Doit-elle être reconstruite et, si oui, comment ? C'est pour répondre à ces questions que le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mercredi 17 avril le lancement d'un «concours international d'architecture».

Une initiative qui inquiète les défenseurs du patrimoine, craignant des projets trop originaux. «Une nouvelle destruction de Notre-Dame s'annonce, par les travaux qui vont être faits», juge Didier Rykner, directeur de la rédaction du site internet La Tribune de l'art. Il faut dire que les idées les plus farfelues commencent à émerger. L'architecte de l’eglise russe à Paris, Jean-Michel Wilmotte, a par exemple proposé de construire une flèche en verre, qui rappellerait la Pyramide du Louvre. Pour l'un des descendants de Viollet-le-Duc, il est impossible de concevoir Notre-Dame sans sa flèche. «Ce serait amputer la cathédrale d'un élément qui lui appartient», a-t-il estimé.

Mais cette vaste opération de reconstruction pourrait se heurter au manque d'artisans qualifiés. Selon le secrétaire général des Compagnons du devoir, Jean-Claude Bellanger, il manque 200 couvreurs, 150 charpentiers, 100 maçons et 100 tailleurs de pierre pour mener à bien ce projet. En réponse, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a lancé jeudi 18 avril une opération baptisée «Chantiers de France», destinée à attirer plus de jeunes vers ces métiers d'habitude peu valorisés.

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