La première pierre de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, construite sous l’impulsion de l’évêque Maurice de Sully, a été posée en 1163 en présence du pape Alexandre III.
Elle sera achevée au bout de deux siècles mais ne cessera de subir, tout au long de son histoire, rénovation et embellissement. Témoin de la vie parisienne depuis plus de huit siècles, son histoire est décryptée par l’historien Michel Rouche.
Interview réalisée en 2012
Pourquoi l’évêque Maurice de Sully a-t-il décidé, en 1163, de construire cette cathédrale ?
Car la précédente, la cathédrale Saint-Etienne, était devenue trop petite pour accueillir tous les fidèles. Il fallait adapter le lieu aux flux de population qui affluaient à Paris à l’époque. A partir de 1200, Paris comptait 200 000 habitants, concentrés en grande partie sur l’île de la Cité, et était la plus grande ville d’Europe.
Quelle est la particularité de ce monument ?
Elle appartient aux premières cathédrales de style ogival (que l’on qualifiera plus tard de gothique, ndlr) construites à partir de 1150. A cette époque, le style roman est abandonné pour des nefs plus grandes, des arcs en forme d’ogive, des espaces plus vastes et plus lumineux.
Pourquoi la cathédrale est-elle si connue aujourd’hui, et ce à travers le monde ?
Plus que son architecture, ce qui attire les visiteurs du monde entier, ce sont les événements qui se sont déroulés au sein de la cathédrale, comme la convocation par Philippe le Bel en 1302 des premiers états généraux ou le sacre de Napoléon 1er en 1804. L’architecture, elle, est la même que les cathédrales de Chartres ou de Laon.
Pourquoi la construction a-t-elle duré deux siècles ?
A cause des problèmes financiers rencontrés par l’église, qui finançait les travaux de construction. Même en pleine période d’expansion économique, l’église ne disposait pas d’assez de revenus et de dons pour avancer et achever l’édifice.
C’est en 1802 que Napoléon rendit la cathédrale au culte. A quoi servait-elle depuis la Révolution ?
Après la Révolution, les révolutionnaires avaient « déprêtrisé » le monument pour y célébrer le culte de l’Etre suprême. Ils avaient enlevé à la cathédrale tout caractère religieux. Ils utilisaient l’édifice pour y développer la théophilanthropie, qui prônait l’amour de Dieu et des hommes.
Quand la cathédrale a-t-elle pris le visage qu’on lui connaît ?
Cela fait une quinzaine d’années que les pierres de la cathédrale ont la couleur blanche qu’on lui connaît. En ce qui concerne l’architecture et les éléments qui composent le monument, ils n’ont pas changé depuis le milieu du XIXe siècle et les rénovations conduites par Viollet-le-Duc. Il rénova le bâtiment endommagé par la Révolution, ajouta des statues et dressa la flèche.