La conclusion de la rapporteure spéciale de l'ONU sur le droit au logement, à l'issue d'une visite de dix jours en France, est sans appel : la France se rend coupable de violations des droits de l'Homme dans sa gestion des sans-abri.
«En France, le système est tel que de nombreuses personnes n'ont même pas accès aux services d'hébergement d'urgence les plus basiques», a indiqué la rapporteure lors d'une conférence de presse, expliquant notamment avoir attendu deux heures pour pouvoir parler avec quelqu'un après avoir appelé le numéro d'urgence, le 115.
La gestion du problème par les autorités françaises, qui consiste à s'adapter aux saisons en ouvrant des places d'urgences supplémentaires en hiver, est «une manière cruelle de gérer le sans-abrisme», estime la rapporteure.
140.000 SDF en France
Autre problème pointé, la gestion des migrants. Les expulsions, a conclu la rapporteure, sont souvent menées en dehors des règles du droit humanitaire international, citant notamment les évacuations menées toutes les 48 heures à Calais. «A Calais, j'ai rencontré une population de migrants en situation de traumatisme», a indiqué l'avocate canadienne, critiquant notamment l'attitude de la police vis-a-vis des migrants dormant dans les forêts ou sur le bord des routes.
Malgré l'inscription dans la loi du droit opposable au logement (DALO), la France connaît une hausse du nombre de personnes sans abri depuis dix ans, suite à la crise de 2008 et l'afflux de migrants via la Méditerrannée.
140.000 personnes seraient SDF en France, dont 12.000 à la rue. A Paris, le décompte organisé le 7 février dernier par la mairie a recensé 3.622 personnes à la rue.
566 sans-abri sont mort en France en 2018, selon l'ONG «les Morts de la Rue».