Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné ce jeudi 7 mars à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'abus sexuels. Il a annoncé qu'il allait remettre da démission au pape«dans les prochains jours», après avoir «pris acte» de sa condamnation.
«J'ai décidé d'aller voir le Saint Père pour lui remettre ma démission. Il me recevra dans quelques jours», a indiqué devant la presse l'archevêque de Lyon après avoir dit «prendre acte de la décision du tribunal». «Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes», a-t-il ajouté.
Le Cardinal #Barbarin annonce sa démission. Il fait appel de sa condamnation @CNEWS https://t.co/8eyEEgpX75
— SBuisson (@S__Buisson) 7 mars 2019
Brigitte Vernay, présidente du tribunal correctionnel de Lyon, l'a «déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements» envers un mineur entre 2014 et 2015.
Les avocats de Philippe Barbarin ont annoncé peu après leur intention de faire appel de cette décision. «La motivation du tribunal ne me convainc pas. Nous allons donc contester cette décision par toutes les voies de droit utiles», a ainsi indiqué Jean-Félix Luciani. Il «était difficile pour le tribunal de résister à une telle pression avec des documentaires, un film... Ca pose de vraies questions sur le respect de la Justice», a également souligné l'avocat.
Un des plaignants a de son côté salué «une grande victoire pour la protection de l'enfance». «Cette victoire envoie un signal très fort à beaucoup de victimes et leur permet de comprendre qu'elles sont entendues, écoutées et reconnues», a réagi François Devaux, également cofondateur de l'association de victimes La Parole Libérée.
A l'issue du procès, la procureure Charlotte Trabut n'avait pas requis de peine à l'encontre de Philippe Barbarin, ni des cinq anciens membres du diocèse poursuivis avec lui, tout en assurant de son impartialité : «Le ministère public ne s'oppose pas aux parties civiles, pas plus qu'il ne soutient mordicus les prévenus».
Une position délicate à tenir après les témoignages, crus et poignants, livrés à la barre par d'anciens scouts à l'origine de l'affaire. Mais une position conforme à celle du parquet, qui avait classé sans suite une première enquête en 2016.
Soutenus par l'association de victimes «La Parole libérée», neuf hommes avaient d'abord accusé le père Bernard Preynat d'avoir abusé d'eux - des faits pour lesquels ce dernier n'a pas encore été jugé - avant de porter plainte contre ceux qui n'ont rien dit des agissements du prêtre. Faute de poursuites, ils ont lancé en 2017 une procédure de citation directe devant le tribunal, qui leur garantissait un procès.
«Je n'ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles», avait assuré au tribunal le cardinal, âgé de 68 ans, expliquant n'avoir appris les agressions reprochées au père Preynat qu'en 2014, quand une victime se confia à lui. Pour ses accusateurs cependant, le cardinal était au courant depuis 2010 au moins, date à laquelle il s'est entretenu avec le prêtre sur les «rumeurs» qui couraient à son sujet.