L'entreprise Altifort, qui a obtenu en justice la reprise de l'aciérie Ascoval, ne dispose pas des fonds nécessaires et «a trompé tout le monde», a indiqué jeudi Bercy à l'AFP.
«Altifort nous a confirmé qu'il ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels il s'était engagé, ni les dix millions de fonds propres, ni les 25 millions de levée de fonds», a précisé une source au cabinet du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
«Même les dix millions de fonds propres, ils ne sont pas en mesure de les donner», a ajouté cette source : «On a pris acte de cela. En l'espèce, Altifort a trompé tout le monde.»
Plus tôt jeudi, des inquiétudes s'étaient fait jour quant à l'opération dans laquelle 281 emplois sont en jeu.
«Il y a des difficultés de financement» et donc «le plan de reprise se déroule de façon plus compliquée que prévu», avait notamment indiqué à l'AFP le cabinet de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, tout en assurant qu'«Altifort n'avait pas baissé les bras et espèrait bien que les fonds seraient décaissés».
«La direction et l'ensemble des salariés sont inquiets de cette situation (...) A aujourd'hui, aucun fonds n'a été débloqué par Altifort, ce qui empêche aussi le déclenchement des prêts des collectivités», a affirmé de son côté à l'AFP une source proche de la direction d'Ascoval.
Le Figaro avait rapporté sur son site internet jeudi matin qu'en raison des problèmes de financement, la reprise serait «annulée», sauf «coup de théâtre».
Altifort, de son côté, n'a pas donné suite dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP.
1.500 salariés, dont 1.370 en France
Le TGI de Strasbourg avait mis fin le 19 décembre à un interminable suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort pour un montant de 152 millions d'euros, avec le sauvetage de 281 emplois à la clé.
La reprise d'Ascoval se décomposait ainsi : 47 millions d'euros de fonds publics «sous forme de prêt» (25 millions de l'Etat, 12 de la région Hauts-de-France et 10 de Valenciennes-Métropole), 35 millions d'apport d'Altifort, 40 millions de crédit-bail pour le financement d'un futur train à fil et 30 millions d'affacturage.
Créé il y a quatre ans, le groupe sidérurgique Altifort a grandi par rachat successifs. Il atteint désormais un effectif de 1.500 salariés, dont 1.370 en France, pour un chiffre d'affaires prévisionnel annoncé de 200 millions d'euros en 2018.
Interrogée par l'AFP sur la possibilité de trouver un nouveau repreneur, la source à Bercy a répondu : «On a tout a fait conscience que c'est très difficile.»
«La décision que nous avons prise avec tous les salariés, c'est de travailler à une nouvelle reprise en démarchant tous les industriels qui peuvent être intéressés», a-t-elle ajouté : «Nous referons un point en début de semaine prochaine dans le même format, avec les salariés, les députés, le président de la région Xavier Bertrand pour voir où nous en sommes.»