La réforme du baccalauréat est largement contestée, autant par les lycéens que les professeurs. Entre la mise en place d'un tronc commun, les nouvelles spécialités, en passant par l'orientation... Voici ce qui attend ceux qui passeront le fameux examen en 2021.
En décembre dernier, pendant plusieurs jours, des centaines de lycées avaient été bloqués dans toute la France, tandis que les élèves défilaient dans les rues avec les syndicats d'enseignants. Aujourd'hui encore, certains professeurs en colère armés d'un stylo rouge sont toujours mobilisés, parfois aux côtés des «gilets jaunes». Au moins cent cinquante autres ont déjà abandonné leur charge de professeur principal en ce début d'année. Tous dénoncent une seule et même chose : la réforme du secondaire et de l'enseignement supérieur, qui comprend un important remaniement du baccalauréat.
L'apparition d'un tronc commun
Le premier grand changement sera la disparition pure et simple des filières générales S, L et ES dès septembre 2019, pour «éviter les hiérarchies artificielles entre les séries», avait expliqué le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer. Ceux qui passeront en classe de Première à la rentrée prochaine auront ainsi un tronc commun, avec des cours de français, de philosophie, d'histoire-géographie, d'enseignement moral et civique, de deux langues vivantes, de sport et d'une nouvelle matière baptisée humanités scientifiques et numériques.
C'est notamment cette nouveauté qui inquiète les professeurs principaux, qui estiment ne pas être assez compétents pour orienter leurs élèves de Seconde. «On avance à l'aveugle», a déclaré Frédérique Rollet, membre du syndicat majoritaire Snes-FSU, à Ouest France. «Personne ne sait exactement les spécialités privilégiées par les écoles et les universités».
Des spécialités...
En plus de ce tronc commun, tous devront choisir trois spécialités, dont deux qu'ils devront poursuivre jusqu'en Terminale. En tout, douze matières seront proposées : mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, biologie-écologie, histoire-géographie et géopolitique, sciences économiques et sociales, humanité-littérature-philosophie, langues et littérature étrangère, littérature, langues et culture de l'Antiquité, arts, sciences de l'ingénieur, et numérique et sciences informatiques. En Première, chaque spécialité durera quatre heures par semaine, puis six heures en Terminale.
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— Éducation nationale (@EducationFrance) 14 février 2018
...et des options
Le choix ne s'arrêtera pas là pour les élèves : après avoir défini leurs spécialités, ils pourront également ajouter quelques options à leur emploi du temps. «Les options : c'est une option possible en Première, deux possibles en Terminale et c'est trois heures», a expliqué Frédérique Alexandre-Bailly, rectrice de l'académie de Dijon, à L'Yonne Républicaine. «En Première, on peut prendre une troisième langue, arts, EPS et Langue et culture de l'antiquité. Et en Terminale, on peut en plus, prendre mathématiques expertes, maths complémentaires et, droit et grands enjeux du monde contemporain», a-t-elle précisé.
Des programmes revus
Il y aura du changement pour les professeurs aussi, qui auront de tout nouveaux programmes pour leurs classes de Première et de Terminale entre les mains en septembre. «Nous voulons que nos élèves en préparant le bac, se préparent à ce qui va les faire réussir ensuite», avait déclaré le ministre de l'Éducation.
Moins d'épreuves
Les épreuves en elles-mêmes seront radicalement différentes. Actuellement, un candidat en passe entre douze et seize, selon les filières et les options. Après la réforme, il y aura toujours une épreuve anticipée de français (à l'oral et à l'écrit) en Première, mais seulement quatre en Terminale : la philosophie, un grand oral de 20 minutes (portant sur un projet lié à une ou deux spécialités), et deux épreuves sur les enseignements prodigués dans les deux spécialités.
Le contrôle continu pris en compte
Ces cinq épreuves compteront pour 60% de la note finale. Pour le reste, ce sont les bulletins de Première et de Terminale (10%) et les notes obtenues aux bac blancs (30%) qui seront pris en compte.
Une meilleure orientation
La réforme entend aussi faciliter la transition entre le lycée et l'enseignement supérieur. Chaque année, et ce dès l'entrée en Seconde, cinquante-quatre heures seront uniquement consacrées à l'orientation des élèves, avec deux semaines dédiées en novembre et en février.
De plus, les lycéens seront mis en contact avec des étudiants, «de façon à ce qu'il y ait plus d'anticipation sur ce qui se passe après, ce que l'on a envie de tester et quels choix à opérer pour se rapprocher de ce que l'on a envie de faire plus tard», a déclaré Frédérique Alexandre-Bailly à L'Yonne Républicain. Des étudiants ambassadeurs volontaires pourront revenir dans leur lycée d'origine lors de journées portes ouvertes, afin de discuter avec leurs successeurs.
La disparition de la terminale ?
Dernier changement, et non des moindres : la Terminale pourrait changer de nom. «Ces noms [Seconde, Première, Terminale, ndlr] ne correspondent plus à rien et la Terminale n'est plus le terminus de rien», avait estimé Philippe Tournier au micro du HuffPost. Jean-Michel Blanquer propose ainsi de rebaptiser la Terminale «Classe de maturité» ou «Classe tremplin».