Impliquer au maximum les Français dans la lutte contre le réchauffement climatique. C'est l'une des missions principales de la Convention citoyenne sur le climat qui commence ce vendredi 4 octobre, et coprésidée par Laurence Tubiana.
Durant six week-ends, 150 Français tirés au sort et «représentatifs de la population» vont se réunir afin de proposer des mesures pour combattre les émissions de gaz à effet de serre. Architecte de l'accord de Paris sur le climat, Laurence Tubiana est revenue pour CNews sur les objectifs de cette convention citoyenne souhaitée par Emmanuel Macron à la suite du grand débat national.
Quelle est la différence entre des élus et ce panel «représentatif de la population»?
Là, ce n’est pas une délégation. Ce sont des citoyens qui parlent en direct à la fois des problèmes qu’ils rencontrent et des solutions qu’ils vont devoir trouver par rapport à un problème collectif, qui est celui du changement climatique et de la politique française.
Quand on regarde la démocratie représentative, on délègue un mandat assez générique. Alors que là les gens parlent en leur propre nom et de façon différente. On a cherché cette représentation de la «petite France». Ces citoyens, de par leur niveau de revenu, d’éducation, de région de provenance, vont parler en direct des problèmes tels qu’ils les ressentent. Ils travaillent sur un problème spécifique et pas au sens large. Là, il ne s’agit pas de légiférer.
Il s’agit de problèmes communs, qui ne devraient pas être des problèmes partisans. Au dela de la politique traditionnelle, il y a un moyen de réfléchir ensemble pour construire quelque chose.
La France est-elle en retard sur les mesures à prendre ?
Ce qu’on a fait aujourd’hui en France, comme dans tous les pays du monde, c’est encore extrêmement peu par rapport à ce qu’il faut faire. Du coup, les transformations sont devant nous.
Il faut changer les choses profondément dans les manières de se nourrir, de se loger, de se déplacer, de produire. On va introduire des changements profonds. Si la société ne veut pas le faire, on n’y arrivera pas.
Pour Greenpeace, cette convention est une manœuvre afin de retarder des solutions déjà connues. Que répondez-vous ?
C’est très bien qu’ils le disent. Greenpeace est dans son rôle. Les conclusions seront remises fin janvier. J’espère que ça enlèvera des arguments à ceux qui ne veulent pas avancer. On va quand même toucher des problèmes assez profonds qui aujourd’hui ne trouvent pas encore de traitement. Je pense par exemple à la rénovation des bâtiments ou même à l’évolution de la consommation alimentaire.
Là on aura une opinion des citoyens, mûrement réfléchie et qui permet de dire on peut y aller. Et il n’y aura pas de raison de reculer. Il faut faire le pari que les citoyens vont progresser eux-mêmes et donner une base de soutien à une action gouvernementale renforcée.
Une fois la convention terminée, avez-vous des garantis du gouvernement sur l'application des solutions trouvées ?
Oui, bien sûr. Le gouvernement s’est engagé formellement par écrit à recevoir sans filtre toutes les propositions et à répondre très rapidement aux propositions de décrets, de lois ou éventuellement un referendum. Il y aura une réponse claire et ça c’est un facteur d’accélération des choses. Fin janvier, nous remettrons les recommandations au gouvernement. Il y a une clause de rendez-vous où les citoyens vont entendre des réponses précises du gouvernement.
Si la convention ne va pas dans votre sens, pourriez-vous établir un rapport de force avec le gouvernement ?
Là, on copréside avec Thierry Pech. On n'est pas là pour orienter mais pour donner des bonnes conditions au débat. Je garde mon opinion et ma bataille pour l’environnement pour moi. On fait le pari que le débat citoyen collectif peut permettre de faire avancer la société.