Après avoir été bloqué sur Twitter par le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, un journaliste a porté plainte pour «discrimination», lui reprochant d'entraver la liberté d'information. Une première dans l'Hexagone.
Le plaignant, Guillaume Tatu, qui a été conseiller médias de Jean-Luc Mélenchon et se présente sur son profil LinkedIn comme un «journaliste engagé», estime que la décision de Richard Ferrand constitue «une discrimination fondée sur des opinions politiques». Selon lui, le patron du Palais Bourbon le bloque depuis le mois de septembre car il n'aurait pas apprécié que soient partagés des articles sur l'affaire des Mutuelles de Bretagne, dans laquelle il serait impliqué.
D'après le journaliste, le député LREM du Finistère bloque «certains comptes Twitter, car il les trouve gênants et dérangeants». Pour appuyer son argumentation, le plaignant estime que, du fait de la «fonction éminente» de Richard Ferrand, quatrième personnage de l'Etat, son compte Twitter serait «d'intérêt général» et que ses messages doivent «être accessibles à tous les citoyens». L'avocat de Guillaume Tatu soutient d'ailleurs que le réseau social à l'oiseau bleu est un média comme un autre, et donc accessible.
Un précédent aux Etats-Unis
Au-delà du buzz créé par cette plainte atypique, l'affaire pose un nouveau débat sur la table numérique : être bloqué sur Twitter entrave-t-il la liberté d'information ? le compte Twitter d'un personnage public est-il d'intérêt général ? à partir de quand un profil privé devient-il un profil public ?
S'il y a peu de chances que la plainte du journaliste soit examinée un jour par la justice, un cas similaire a été tranché aux Etats-Unis de Donald Trump, au profit des internautes. En mai dernier, la justice a en effet interdit au président américain de bloquer des opposants sur Twitter, jugeant que le fait d'interdire de commenter les messages de POTUS était anticonstitutionnel. Un coup dur pour le milliardaire, sensiblement accro aux 280 caractères.