Surnommée «hormone du bonheur», la sérotonine est de plus en plus connue du grand public. Au point d'être le titre du nouveau roman de Michel Houellebecq, dans lequel le protagoniste combat son mal de vivre à grands coups d'antidépresseurs. Le point sur cette molécule qui régule nos humeurs.
Découverte en 1946, la sérotonine, de son nom scientifique 5-hydroxytryptamine, est l'un des principaux neurotransmetteurs, ces molécules par lesquelles les neurones communiquent entre eux. Contraction de «sérum» (parce qu'elle a été isolée dans le sang) et de «tonic» (pour son action sur les vaisseaux sanguins), elle est synthétisée à partir d'un acide aminé essentiel, le tryptophane.
Principalement produite par les cellules des intestins, la substance intervient dans la régulation de nombreuses fonctions biologiques, comme le cycle du sommeil, la douleur, l'anxiété, l'humeur, les comportements alimentaires ou sexuels... Sans compter des effets sur la mémoire et l'apprentissage.
A la base des antidépresseurs
Lorsqu'on parle de sérotonine, on fait en réalité allusion à celle produite par le cerveau, soit 3-5 % du total. Celle-ci est essentiellement connue du grand public pour son rôle dans la régulation des humeurs, car c'est sur ce phénomène qu'agissent les «inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine» (ISRS), antidépresseurs parmi les plus prescrits.
Lorsqu'un neurone sécrète une substance pour la transmettre à un autre, une partie de cette substance est perdue, car «récupérée» par le neurone qui l'a émise avant même que son voisin ne l'ait reçue. Or, les antidépresseurs agissent contre ce processus : ils diminuent la vitesse à laquelle la sérotonine produite par des neurones est «recapturée» avant d'atteindre les neurones voisins, augmentant ainsi le niveau de sérotonine dans le cerveau. Avec, pour résultat, une diminution de la dépression, de l'anxiété, des troubles obsessionnels compulsifs...
Ces ISRS ont néanmoins quelques effets secondaires indésirables, tels que l'impuissance et la baisse de la libido. Deux thèmatiques chères à Michel Houellebecq.