Leurs noms et leurs visages hantent la mémoire collective. Alors que le parcours de Michel Fourniret est récemment revenu dans la lumière, du fait des forts soupçons qui pèsent sur lui dans la disparition de la petite Estelle Mouzin, la question des tueurs en série a été au centre du débat public. Retour sur cinq d'entre eux, qui ont marqué à jamais l'histoire criminelle du pays.
Michel Fourniret, «l'ogre des Ardennes»
Elles s'appelaient Isabelle, Elisabeth, Céline, Jeanne-Marie, Natacha, Mananya, Fabienne... et ont toutes eu pour malheur de croiser la route du violeur et tueur en série Michel Fourniret, mais aussi celle de son ex-épouse, Monique Olivier.
Une liste macabre qui pourrait cacher encore d'autres victimes. Ce triste inventaire avait d'ailleurs d'être complété, en février 2018, par deux nouveaux noms : celui de Joanna Parrish, assistante d'anglais dans un lycée d'Auxerre, dont le corps avait été retrouvé en 1990 dans l'Yonne. Et celui de Marie-Angèle Domèce, handicapée mentale de 19 ans, disparue en 1988 dans le même département.
On peut également ajouter le nom de Farida Hammiche, seul crime crapuleux commis par «l'ogre des Ardennes» et en lien avec le butin du gang des postiches sur lequel il avait fait main basse.
Mais le nom de Michel Fourniret est surtout revenu en pleine lumière dans le cadre d'une autre affaire célèbre, celle de la disparition d'Estelle Mouzin, le 9 janvier 2003, à Guermantes (Seine-Marne).
Monique Olivier a en effet accusé, en août 2020, son ex-mari d'avoir violé et tué la fillette, alors âgée de 9 ans, dans les Ardennes. De l'ADN partiel correspondant à la petite Estelle avait par ailleurs été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans l'ancienne maison de la soeur du tueur en série. Le corps de la fillette reste toutefois introuvable à ce jour.
Au total, Michel Fourniret, qui a commis ses premiers crimes dans les années 1980, a avoué onze meurtres, en France et en Belgique, mais il reste donc soupçonné dans plusieurs autres affaires.
Il est ainsi à ce jour impossible de dire avec précision combien de femmes Michel Fourniret a tué. Il a été condamné à la prison à perpétuité.
Guy Georges, «le tueur de l'Est parisien»
Il a créé la psychose pendant des mois à Paris, dans les années 1990.
Guy Georges, né Guy Rampillon, le 15 octobre 1962 à Vitry-le-François (Marne), est rapidement abandonné par sa mère et rejeté par ses grands-parents maternels.
Il n'a gardé aucun lien avec son père, un soldat américain, qui a eu une brève relation avec sa mère. Son adolescence est chaotique, parsemée d'actes de violences et d'agressions.
Après une attaque particulièrement violente, sa victime étant poignardée à la joue, il purge au début des années 1980 une peine d'un an de prison à Angers (Maine-et-Loire).
Cette semaine, Le Figaro revient sur l'affaire Guy Georges, tueur en série qui a assassiné sept jeunes femmes entre 1991 et 1997. https://t.co/OM2GBn8aIT pic.twitter.com/SHhHiUEd2L
— Le Figaro (@Le_Figaro) 17 août 2018
Il en ressort en février 1981 et s'installe à Paris. En novembre de la même année, débute alors son parcours criminel.
Ses victimes ont toutes le même profil : des jeunes femmes plutôt vulnérables, pour lesquelles il a une forte attirance sexuelle. Il les suit jusqu'à chez elles et les agresse. Si certaines parviennent à s'échapper, d'autres seront assassinées sans pitié.
On lui connaît au total sept victimes. Guy Georges a été interpellé en 1998, près de la station de métro Blanche, à Paris.
Il sera condamné en 2001 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans. En théorie, il peut donc présenter une demande de libération conditionnelle depuis mars 2020.
Guy Georges est aujourd'hui incarcéré à la prison de haute sécurité d'Ensisheim, dans le Haut-Rhin, mais il ne semble pas avoir demandé sa libération conditionnelle, du moins aucune information officielle en ce sens n'a filtré.
Si tel était le cas, comme tout détenu condamné à une longue peine, son cas ferait de toute façon l'objet d'une évaluation par le Centre national des personnes détenues (CNE), comme l'exige la loi, ceci dans le but d'évaluer sa dangerosité.
Reste que son profil, et la méfiance populaire qu'il suscite (une pétition réunissant près de 20.000 signatures en octobre 2020 demande d'ailleurs son maintien en détention) ne plaident pas en sa faveur.
Francis Heaulme, «le routard du crime»
Francis Heaulme fait partie des tueurs en série dits «itinérants». Il est d'ailleurs surnommé le «Routard du crime», pour avoir sévi aux quatre coins du pays.
Né le 25 février 1959 à Metz (Moselle), il a été reconnu coupable d'au moins onze meurtres dans différentes régions. Partout où il est passé, il a tué des gens.
Il a toujours agi de façon pulsionnelle et totalement barbare, tranchant le plus souvent la gorge de ses victimes ou les massacrant à coups de pierres.
Si celles-ci étaient principalement des femmes, Francis Heaulme a également été reconnu coupable du meurtre de deux garçonnets à Montigny-lès-Metz (Moselle), en 1986, alors que Patrick Dils avait été emprisonné à tort pour ce double-crime.
Francis Heaulme à nouveau aux assises pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz https://t.co/9XNGeMYuEo #AFP pic.twitter.com/YVurFBiVON
— Agence France-Presse (@afpfr) 4 décembre 2018
La personnalité de Francis Heaulme est complexe : s'il témoigne d'un grand respect pour l'autorité judiciaire, il méprise profondément les policiers.
Le parcours du «Routard du crime» a pris fin en 1992 lorsqu'il a été été arrêté en 1992 par le gendarme Jean-François Abgrall.
Francis Heaulme a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en mai 2017 et est emprisonné à la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin), ultra-sécurisée et spécialisée dans les longues peines.
Il revient toutefois aux assises en décembre 2018, après avoir fait appel dans l'affaire du double-meurtre de Montigny-lès-Metz.
Emile Louis, «le boucher de l'Yonne»
Mort le 20 octobre 2013 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), à l'âge de 79 ans, Emile Louis reste l'un des plus connus et redoutables tueurs en série français de ces dernières décennies.
Surnommé «le boucher de l'Yonne», département de Bourgogne dans lequel il a principalement sévi, Emile Louis est interpellé le 7 septembre 2000 dans le cadre de l'enquête portant sur la disparition, dans les années 1970, dans la région d'Auxerre, de sept jeunes femmes, des pupilles de la DDASS légèrement handicapées mentales.
La plupart avaient fréquenté le bus scolaire conduit par Emile Louis, lui aussi ancien enfant de la DDASS.
Maltraité dans son enfance, il développera une personnalité trouble, tantôt jovial et affable, tantôt menteur et manipulateur.
Il sera condamné, en mars 2004, à vingt ans de réclusion criminelle à perpétuité, pour viol et torture sur son épouse et sa fille et diverses atteintes sexuelles sur mineures commises entre 1983 et 1989.
Le tueur en série Émile Louis est mort #AFP http://t.co/drsQ3r4852
— Agence France-Presse (@afpfr) 20 octobre 2013
En novembre de la même année, il est enfin condamné par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité pour «l'affaire des disparues de l'Yonne».
Au total, «le boucher de l'Yonne» est reconnu coupable de huit meurtres mais, là encore, son nom est suspecté pour plusieurs autres affaires. Il a emporté ses secrets dans sa tombe.
Patrice Alègre, «le tueur aux yeux bleus»
Patrice Alègre est un tueur en série toulousain, né le 20 juin 1968.
Il est arrêté le 5 septembre 1997 à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et condamné le 21 février 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour cinq meurtres, une tentative de meurtre et six viols.
Son nom reste associé à une incroyable «affaire» qui débute en mai 2003, quand plusieurs anciens dossiers sont rouverts afin d'enquêter sur d'autres éventuelles victimes du criminel.
À voir ce soir à 22h40 sur #France2
Faites entrer l'accusé : Patrice Alègre, le sang et la rumeur. #FELA pic.twitter.com/jPy4JTQJzi— Stefanu Manunta (@SteManunta) 18 janvier 2015
Surnommé parfois «le tueur aux yeux bleus», il a par la suite obtenu des non-lieux dans quatre autres dossiers de crimes non élucidés, en juillet 2008.
Toutefois, certains enquêteurs pensent que Patrice Alègre a en réalité assassiné de nombreuses autres victimes dans la région de Toulouse.
Cette affaire judiciaire hors normes a également donné lieu à une invraisemblable rumeur touchant Dominique Baudis, maire de Toulouse de 1983 à 2001, mort en 2014 à Paris.
En 2003, Dominique Baudis, alors président du CSA, est injustement accusé de proxénétisme, de viol, de meurtre et d'actes de barbarie. Il sera totalement blanchi.