Dans une tribune publiée sur France Inter et dans les colonnes du Monde, les 15 juges des enfants de Bobigny ont décidé d'unir leur voix pour alerter le gouvernement sur le manque de moyens dédiés à la protection de l'enfance.
Très inquiets face à la dégradation du système qui pollue leur département, les 15 juges des enfants, qui s'estiment également «juges des mineurs en danger», dénoncent une negligence inacceptable : « (...) il s'écoule jusqu'à 18 mois entre l'audience au cours de laquelle la décision est prononcée par le juge des enfants et l'affectation du suivi à un éducateur. Près de 900 mesures, soit 900 familles, sont en attente». Puis d'ajouter : «De l'autre côté du périphe, la prise en charge des mesures éducatives judiciaires se fait sans délai (...)».
Dans leur tribune, les juges des enfants affirment ne plus avoir les moyens d'effectuer leur travail correctement et évoquent le «manque flagrant de personnel, lié aux restrictions budgétaires».
Interrogée sur l'urgence de la situation, Céline Parisot, Secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats, a vivement réagi : «Comment voulez-vous faire comprendre à des mineurs délinquants le sens d'une peine prononcée un an après l'audience? Quelle image ces jeunes vont-ils avoir des institutions?».
Des revendications dont s'est rapidement défendue Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, qui a déclaré sur France Inter : «Je ne nie pas la responsabilité de l'Etat mais je dis que la mise en oeuvre des décisions de nature civile, cela appartient au département».
.@NBelloubet : "Avec Agnès Buzyn, nous sommes en train d'élaborer une stratégie nationale pour l'enfance" #le79inter pic.twitter.com/qRPljItYBG
— France Inter (@franceinter) 5 novembre 2018