Selon le rapport de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), publié ce mardi 23 octobre, près de la moitié des sans-abri recensés dans la capitale vivent dans la rue depuis plus d'un an.
Ce constat de l'association a pu être établi à l'occasion de la «Nuit de la solidarité».
Le 16 février dernier, 1.700 bénévoles avaient ainsi dénombré 3.035 sans-abri dans les rues de Paris et 18.150 personnes accueillies dans des hébergements d'urgence.
Dans le détail, d'après l'enquête, 46 % des SDF interrogés sont donc à la rue depuis plus d'un an et 20 % d'entre eux le sont depuis plus de cinq ans.
Toujours selon le rapport, ces sans-abri sont également très majoritairement des hommes (88%). Mais l'enquête apporte aussi d'autres enseignements.
Davantage de femmes sans-abri
Ainsi, l'Apur note que si les femmes sont minoritaires (365 personnes sondées), la population SDF tend à se féminiser.
En 2012, date de la dernière enquête de l'Insee sur les sans-abri, elles représentaient 2 % de l'agglomération parisienne, contre 12 % aujourd'hui.
Les personnes en situation de rue à #Paris, : analyse des données issues du décompte de la nuit de la solidarité le 15-16 février 2018 https://t.co/rQoPDyYpne via @__Apur__ pic.twitter.com/Yv0T97m9lW
— Bertrand Favarel (@BFavarel) 23 octobre 2018
D'après l'Apur, le nombre de femmes recensées en février est d'ailleurs «certainement un nombre a minima de la réalité».
Car les femmes à la rue adoptent des «stratégies d'invisibilité» : elles essaient plus que les hommes de se cacher pendant leur sommeil, en dormant par exemple à l'hôpital ou dans une voiture.
Les femmes sans-abri apparaissent aussi plus vulnérables : seules 12% d'entre elles sont suivies par un travailleur social, contre 28 % pour les hommes.
Elles sont aussi moins nombreuses à avoir une couverture maladie (21 % contre 33 % des hommes). Vingt-trois familles, avec 35 enfants, ont également été recensées.
Des dispositifs d'urgence peu sollicités
Autre enseignement, qu'ils soient hommes ou femmes, les sans-abri ont peu recours aux dispositifs d'urgence.
Dans le détail, 45 % déclarent n'avoir jamais dormi dans un centre d'hébergement et 65 % n'ont même jamais appelé le Samu social, le 115.
Un non recours qui pourrait s'expliquer aussi par un manque d'information. Ils sont en effet 19 % à ne pas connaître ce numéro.
Mais ceux qui en sont informés expliquent leur découragement par plusieurs raisons : le 115 est souvent difficile à joindre, leur a déjà répondu qu'il n'y a pas de place, ou ils évoquent des problèmes d'insécurité ou des vols dans les centres d'hébergement d'urgence.
Un tiers des sans-abri a recours à la mendicité pour vivre
Le rapport permet également d'en savoir plus au niveau des ressources des sans-abri.
Ainsi, environ un tiers (36 %) déclare mendier pour vivre et la même proportion (34 %) perçoit des allocations ou des minima sociaux.
D'après l'Apur, ils sont aussi 22 % à faire des «petits boulots» et 8 % bénéficient de l'aide de proches ou amis. Ils sont également 3 % à toucher une pension de retraite et 5 % à percevoir un salaire grâce à un travail déclaré.
Enfin, 16 % des sans-abri parisiens ont moins de 25 ans. Pour ces jeunes, la précarité est souvent récente : 56 % d'entre eux sont à la rue depuis moins de trois mois.