Le nouveau patron d'Air France-KLM Benjamin Smith a donné lundi des gages de confiance aux salariés au moment de prendre les commandes du géant européen du transport aérien, promettant d'investir 50% de sa rémunération fixe en titres du groupe.
L'annonce de la rémunération du nouveau directeur général du groupe, nommé le 16 août après trois mois de laborieuses recherches du profil idéal, avait fait grincer des dents du côté des salariés. «J'ai déjà fait un investissement personnel en m'installant avec ma famille en France. Aujourd’hui, j'ai décidé d'en faire un autre en investissant la moitié de ma rémunération fixe dans le capital d'Air France-KLM», a déclaré le Canadien dans une vidéo interne, adressée aux collaborateurs du groupe et dont l'AFP s'est procuré le contenu.
«Futur Succès»
«C'est une manière d’afficher ma confiance dans notre futur succès», a ajouté l'ex-numéro 2 d'Air Canada. «Ainsi, 80% de sa rémunération, fixe et variable, sera directement liée à la performance du groupe», a indiqué un porte-parole du groupe.
La rémunération de M. Smith pourra atteindre un montant maximum de 4,25 millions d'euros par an, composé de 900.000 euros de rémunération fixe, d'une part variable de 150% maximum du fixe (1,35 million) -liée à des conditions de performances- et d'un plan d'investissement à long terme (long term investment, LTI). Le titre Air France-KLM, dans lequel va investir M. Smith, valait en début d'après-midi 8,65 euros (+1,26%).
Soulignant que l'industrie du transport aérien «change radicalement», il a estimé qu'«un nouveau plan est nécessaire» pour Air France-KLM face aux nouveaux concurrents que sont «les compagnies low cost bien sûr mais aussi les compagnies du Golfe, soutenues par leurs gouvernements».
Pas d'arrogance
Les dirigeants successifs du groupe franco-néerlandais -dont Jean-Marc Janaillac, le prédécesseur de M. Smith- ont tous tiré la sonnette d'alarme sur le problème du poids des charges, liées aux contributions sociales, aux taxes et aux redevances, qui entravent sa compétitivité. Dans un secteur en plein mutation, «beaucoup (de compagnies, ndlr) ont réussi et se sont adaptées. Mais malheureusement, certaines comme Pan Am, Swissair, Sabena et Olympic ont disparu faute d’avoir su évoluer. Alitalia n'en est pas loin», a-t-il déclaré, liant leur faillite à leur manque de réaction. «L'urgence du moment, c'est un projet stratégique», a souligné de son côté la ministre des Transports Élisabeth Borne lundi.
L'arrivée de M. Smith intervient dans un contexte de fortes attentes des salariés après des mois de dialogue infructueux avec l'intersyndicale sur les salaires. Quinze journées de grève entre le 22 février et le 8 mai ont coûté 335 millions d'euros à la compagnie. Le mouvement avait été suspendu après la démission de M. Janaillac, désavoué par le personnel lors d'une consultation sur un accord salarial lancée à son initiative.
M. Smith a à ce propos mis en garde sur «les luttes internes» qui «offrent nos clients sur un plateau à nos concurrents». «Nous ne pouvons pas nous permettre d'être arrogants et de croire que nous avons plus de droits sur nos clients que nos concurrents», a-t-il ajouté.
«Je n'arrive pas ici avec une stratégie que je vous imposerais», a-t-il poursuivi affichant sa volonté de gagner la «confiance» et le «respect» des salariés, un objectif déjà exprimé par M. Janaillac à l'automne 2016 avec le lancement de son plan stratégique «Trust Together» (confiance ensemble) qui avait donné naissance à la compagnie à coûts réduits Joon.
M. Smith a réuni lundi matin le comité exécutif du groupe et ira dans la semaine à la rencontre des équipes du siège et du hub de Paris-Charles de Gaulle, selon une source proche du dossier. Il va également rencontrer les partenaires sociaux et voit dès lundi les responsables des syndicats CFE-CGC, CFDT et SNPL, selon la même source.