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Chez Air France, les syndicats s'impatientent

Ulcérés par des négociations au point mort alors que les pilotes de KLM viennent de décrocher une hausse salariale, neuf syndicats d'Air France étaient réunis vendredi matin pour définir les "modalités" d'une action qui pourrait se durcir [Thomas SAMSON / AFP/Archives] Ulcérés par des négociations au point mort alors que les pilotes de KLM viennent de décrocher une hausse salariale, neuf syndicats d'Air France étaient réunis vendredi matin pour définir les «modalités» d'une action qui pourrait se durcir.[Thomas SAMSON / AFP/Archives]

Ulcérés par des négociations au point mort alors que les pilotes de KLM viennent de décrocher une hausse salariale, neuf syndicats d'Air France étaient réunis vendredi matin pour définir les «modalités»d'une action qui pourrait se durcir.

«Notre patience a des limites», lâche Karim Taïbi, secrétaire adjoint de FO Air France. Son syndicat devait défendre le principe d'une grève lors de la rencontre à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) entre des organisations de pilotes (SNPL et Alter), d'hôtesses et de stewards (SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD).

«Depuis le 8 mai, on n'a pas fait un préavis de grève et depuis le 8 mai, on n'a pas eu un rendez-vous pour essayer de négocier, de sortir de cette impasse, alors qu'on voit que chez la filiale KLM, ça négocie», s'agace le syndicaliste, interrogé par l'AFP.

L'intersyndicale, qui réclame un rattrapage général de 5,1% des salaires correspondant à l'inflation sur la période 2012-2017, avait mené 15 journées de grève entre le 22 février et le 8 mai. Ces dernières ont coûté 335 millions d'euros, un impact qualifié de «majeur» par le directeur financier du groupe, Frédéric Gagey.

Pas de mandat

Le mouvement avait été suspendu après la démission du PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, désavoué par le personnel lors d'une consultation sur un accord salarial lancée à son initiative.

Air France-KLM [Sabrina BLANCHARD / AFP]
 
Fin juillet, l'intersyndicale avait prévenu qu'avec ou sans nouveau patron, le conflit pour les salaires reprendrait en septembre.

Depuis, un nouveau directeur général, le Canadien Ben Smith, a été nommé mais il n'a pas encore pris ses fonctions. En attendant son arrivée, prévue pour fin septembre au plus tard, aucune négociation n'a lieu sur les salaires, même si des accords sur la qualité de vie au travail de certains personnels d’Air France ont été signés au cours de l'été.

«Le conseil d'administration d'Air France-KLM n'a pas donné mandat au management d'Air France pour négocier autour de la revendication salariale de l'intersyndicale d’Air France (+5,1%), celle-ci n'étant pas compatible avec la stratégie d'investissement et de croissance qu'il a fixée pour la compagnie», justifie la direction.

Une explication qui ne convainc pas les organisations syndicales, irritées par cet immobilisme.

Pour Jérôme Beaurain, de SUD-Aérien, la direction d'Air France-KLM essaie «de jouer le pourrissement du conflit».

«Que la direction d'Air France ait un mandat ou non, ils peuvent, s'ils en ont la volonté, négocier et traiter la question du rattrapage des salaires», renchérit la CGT, «la preuve avec l'obtention récente de nos collègues de KLM d'(une) augmentation significative de salaires».

Huile sur le feu

L'annonce mardi d'une hausse salariale accordée aux pilotes de KLM, filiale néerlandaise du groupe, a jeté de l'huile sur le feu.

Actionnariat d'Air France-KLM [Jean Michel CORNU / AFP]
Actionnariat d'Air France-KLM (AFP)

L'accord de principe, trouvé deux jours avant l'ultimatum fixé par le syndicat des pilotes de ligne néerlandais VNV qui menaçait de faire grève, prévoit un allègement de la charge de travail des pilotes ainsi qu'une augmentation des salaires de 4%, selon le syndicat VNV et une lettre adressée par le patron de KLM, Pieter Elbers, aux salariés de la compagnie.

«Chez Air France, il n'y a pas de possibilité de négocier, mais chez KLM c'est faisable», déplore Karim Taïbi.

«C'est l'incompréhension, l'amertume» parmi les personnels, affirme Jérôme Beaurain, selon qui SUD-Aérien va défendre «le maintien de la demande de rattrapage salarial et s'il le faut, un appel à la grève».

Philippe Evain, président du SNPL, le principal syndicat de pilotes, voit dans le «double traitement» entre Air France et KLM une «marque d'irrespect» alors que «les salariés ont fait tourner la compagnie pendant tout l'été, dans des conditions extrêmement difficiles», selon un entretien accordé au média spécialisé TourMag cette semaine.

«Ce qui est certain, c'est que nous devons trouver une fin à ce conflit, il faut trouver un moyen de sortir de cette situation de blocage quoiqu'il arrive», ajoute-t-il.

La CGT affirme pour sa part que «la probabilité que l'intersyndicale appelle de nouveau à la grève est grande».

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