Auteurs et éditeurs retiennent leur souffle en sachant qu'il n'y aura pas de la place pour tout le monde. Les jurys des grands prix littéraires commenceront cette semaine à sélectionner les ouvrages en lice pour les prix d'automne.
Le jury du Renaudot doit ouvrir le bal mardi en présentant sa première sélection de romans et d'essais.
Les dix membres du jury du Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires francophones, se réuniront quant à eux autour de Bernard Pivot vendredi à Nancy à l'occasion du Livre sur la Place, première manifestation littéraire de la rentrée.
Leur première sélection est toujours observée à la loupe. Les quinze auteurs retenus bénéficieront d'une visibilité inouïe mais seront également automatiquement en lice pour le convoité Goncourt des lycéens y compris s'ils disparaissent des deux sélections suivantes.
Tout le mois de septembre sera rythmé par les sélections littéraires. Le jury du Wepler fera connaître son choix le 9, celui du Flore le 12, le Médicis et le Femina, deux prix qui récompensent également des romans étrangers, feront connaître respectivement leur première sélection les 13 et 17 septembre.
L'Interallié (le 19), le prix Décembre (le 26) et l'Académie française pour son grand prix du roman (le 27) seront les derniers à annoncer les ouvrages qu'ils retiennent.
L'Académie française sera en revanche la première a attribuer son prix dès le 25 octobre.
Tous les autres prix seront remis en novembre. Le jury exclusivement féminin du Femina proclamera le nom de son récipiendaire le 5. On connaîtra le 6 novembre le nom du lauréat ou de la lauréate du Médicis. Goncourt et Renaudot seront attribués le 7. Le prix Décembre et le prix du Flore seront proclamés le 8 novembre et le prix Wepler le 12.
Retenir ou pas «Le lambeau»
Selon le magazine professionnel Livres Hebdo, la rentrée littéraire 2018 ce sont 567 ouvrages dont 381 romans francophones et parmi eux 94 premiers romans.
Mais les jurys sont libres de choisir un roman qui n'a pas paru à la rentrée. L'an dernier, les Goncourt avaient ainsi créé la surprise en attribuant leur prix à Éric Vuillard pour «L'ordre du jour» (Actes Sud), un livre paru en mai 2017.
On guettera cette année si les jurys des grands prix littéraires retiennent le livre de Philippe Lançon, «Le lambeau» (Gallimard), livre magnifique mais paru en avril.
Bien qu'auteur d'un des plus beaux livres de la rentrée, Jérôme Ferrari («A son image», Actes Sud), déjà lauréat du Goncourt en 2012, ne figurera pas dans la sélection du jury (seul Romain Gary a remporté deux fois le Goncourt... en prenant la deuxième fois le pseudonyme d’Émile Ajar!) mais rien n'interdit aux autres jurys de le sélectionner.
De la même manière, Christophe Boltanski («Le guetteur», Stock), lauréat du Femina en 2015, pourrait être sélectionné pour un autre prix ainsi que Serge Joncour (Interallié en 2016) qui revient avec «Chien-loup» (Flammarion).
Parmi les autres auteurs attendus, Alain Mabanckou («Les cigognes sont immortelles», Seuil) ou encore Maylis de Kerangal («Un monde à portée de main», Verticales).
Pourraient aussi figurer des auteurs remarquables comme Emmanuelle Bayamack-Tam («Arcadie», P.O.L), Mark Greene («Federica Ber», Grasset), Cloé Korman («Midi», Seuil), Paul Greveillac («Maîtres et esclaves», Gallimard) ou encore Thomas B. Reverdy («L'hiver du mécontentement», Flammarion).
Reste à voir si les jurys sauront faire preuve d'audace en sélectionnant des auteurs de premiers romans comme ont su le faire les libraires de Nancy qui ont décerné leur prix à la primo-romancière Pauline Delabroy-Allard pour «Ça raconte Sarah» (Minuit). Ce prix qui sera remis le 8 septembre a plusieurs fois prédit le nom du futur Goncourt.
Ce sera le cas du prix du roman Fnac (décerné le 14 septembre), puisque les quatre finalistes sont des auteures de premier roman.